En 2018, l’artiste Julio Le Parc avait effectué une résidence à la Manufacture de Sèvres. Affilié à l’art cinétique, cette nouvelle expérience créatrice de Julio Le Parc avait alors pris les traits d’une série de pièces blanches, confiant aux formes la mission de faire valser la porcelaine. Cette première collection avait ensuite été présentée en exclusivité lors de la FIAC 2018. En 2019, Julio Le Parc a de nouveau effectué une résidence de création à la Manufacture de Sèvres. Et de nouveau, la collection issue de cette résidence a fait l’objet d’une présentation en exclusivité pendant la FIAC. Non pas au Grand Palais, mais à la Galerie de Sèvres à Paris. Et non plus sur quatre jours seulement, mais cette fois pour une durée plus généreuse de six semaines. Sobrement intitulée « Julio Le Parc à Sèvres », comme sa prédécesseure, cette nouvelle exposition réunit les deux collections.
La Galerie de Sèvres à Paris expose des pièces inédites (2019) de Julio Le Parc
Pièce remarquable, le mobile arborant les couleurs de Sèvres (bleu nuit et or) fait flotter la porcelaine et ses ombres au sein de la galerie. Créé en 2019, ce mobile réunit cent-vingt-et-une fines plaquettes de porcelaine en suspension. Pour un octaèdre mariant le bleu de Sèvres à l’or vingt-quatre carats, et oscillant lentement comme un bijou aérien. Ou comme une structure géométrique en formation/déformation. La pièce prolonge ainsi la série des Continuels-Mobils, initiée par Julio Le Parc en 1960. Série comptant notamment Mobile argent sur noir (1960). Ou, encore Rombo Naranja (2019) composé de mille-six-cents plaquettes oranges translucides. Une Å“uvre spécialement créée pour accueillir les visiteurs de l’exposition argentine (en cours) « Julio Le Parc. Transición Buenos Aires-ParÃs (1955-1959) ». Et après une première résidence à Sèvres marquée par la blancheur du biscuit de porcelaine, cette nouvelle résidence signe le retour de la couleur.
« Julio Le Parc à Sèvres » : les fruits de deux résidences de création, en 2018 et 2019
Autre création de 2019 : l’habillage d’un vase Charpin, à l’aune d’une palette de six couleurs vives. Pour resituer, en 2008, la Manufacture de Sèvres a demandé au designer Pierre Charpin de concevoir quatre vases ; quatre formes inédites et épurées, destinées à intégrer son patrimoine. Et ce, afin de fonctionner comme autant de pages blanches proposées aux artistes et décorateurs contemporains. Le vase Charpin de Julio Le Parc puise ainsi dans la vaste palette des coloris de Sèvres, pour mieux en restituer six, éclatants. Une pièce qui entre en résonance avec la série des Alchimies, initiée en 1988. Entre esquisses et idées embryonnaires, les Alchimies alimentent les Modulations, comme autant d’étincelles prises sur le vif du processus créatif. Réunissant les pièces de 2018 et 2019, l’exposition « Julio Le Parc à Sèvres » présente un paysage de porcelaine singulièrement mouvant. Comme une élégante porte dérobée, ouvrant sur l’œuvre cinétique de Julio Le Parc.