L’exposition « Tout le monde m’adore » à La Crypte d’Orsay réunit les œuvres de sept artistes contemporains autour des thèmes de la représentation de soi et de la construction de l’identité. Alors que les nouvelles technologies et l’apparition des réseaux sociaux ont fait naître des nouvelles formes de développements individuels et de liens sociaux, Anne-James Chaton, Mathieu Harel Vivier, Julien Gorgeart, Yann Sérandour, Ariane Loze, ORLAN et Jordan Wolfson explorent à travers leurs peintures, installations, photographies, vidéos et affiches le paradoxe actuel d’une construction identitaire qui semble conditionnée par la diffusion d’une représentation théâtralisée de soi, autant que par sa dissolution dans l’infini numérique.
« Tout le monde m’adore » : une réflexion autour de la construction identitaire
Les portraits à l’aquarelle de Julien Gorgeart sont réalisés à partir de photographies personnelles auxquelles l’artiste applique des actions empruntées au cinéma comme des effets d’arrêt sur image ou des cadrages en plan rapproché qui placent des parties des sujets hors du champ. Ainsi le tableau intitulé Qu’un seul tienne et les autres suivront montre Julien Gorgeart et sa compagne dans ce qui pourrait être le portrait-type du couple complice si le cadrage volontairement raté n’en faussait pas la lisibilité. L’installation Sauver des eaux de Mathieu Harel Vivier et la photographie Self-hybridation précolombienne n°35 d’ORLAN, visions de portraits qui se dissolvent, mutent et s’entremêlent, renvoient à des identités mouvantes, faites d’évolutions et de métissages.
Aquarelles de Julien Gorgeart, film d’Ariane Loze, gravures de Yann Sérandour
Le film Mainstream d’Ariane Loze s’intéresse à la normalisation des identités. L’artiste y interprète dix rôles différents, telles les multiples facettes d’un sujet contemporain à l’identité morcelée et tiraillée. En y mettant en scène un dialogue qui se moque de la rhétorique managériale sur le lien entre bien-être et productivité, Ariane Loze met en lumière le cynisme du monde de l’entreprise. On retrouve la même association entre humour et critique des inconscients culturels dans le quadriptyque de gravures Schwarzkopf de Yann Sérandour qui reprend le logo d’une célèbre marque de produits cosmétiques pour s’interroger sur la représentation et la visibilité des minorités.