Julian Hoeber
Dans le parcours d’artiste de Julian Hoeber, les notions d’espace et de psychologie se sont cristallisées comme deux enjeux principaux: le corps comme espace et comme contenant, l’architecture comme un espace à occuper. La plupart de ses séries antérieures ont exploré ces questions: par exemple ses têtes en bronze violemment altérées ou l’architecture déstabilisante de Demon Hill. Les peintures abstraites de la série Execution Changes peuvent, elles aussi, être interprétées comme des espaces imaginaires rappelant des portes, des passages ou des sources lumineuses.
Avec cette exposition, Julian Hoeber cherche à clarifier et à renforcer sa pensée au travers de nouvelles formes. Alors que les peintures de la série Execution Changes peuvent, pour la plupart, être clairement reliées à l’architecture, les variantes présentées ici représentent indiscutablement le ciel et incluent implicitement le corps du spectateur.
Julian Hoeber précise son propos dans les trois grands tableaux inclus dans l’exposition. Ces trois scènes d’intérieur sont développées à partir de bandes dessinées érotiques en omettant à la fois les personnages et les textes. Si ce qui subsiste n’est qu’une architecture vide, on sent toutefois qu’il s’est passé quelque chose dans ces lieux. Une scène de crime?
Les sculptures présentées abordent d’autres thèmes récurrents dans son travail. Une porte déformée s’appuie contre un mur comme une «planche» de John McCracken. It’s Funny Because It’s True joue avec la banalisation d’un élément de design moderniste — un siège de Marcel Breuer qui se transformerait en chaise d’aisance. Le tube chromé employé par Marcel Breuer sert en effet aujourd’hui à produire les meubles les plus courants, voire certains équipements médicaux. Julian Hoeber donne à sa chaise une touche de perversion supplémentaire: le siège comporte un trou qui se prolonge sous la forme d’une tête, ironiquement placée en dessous de l’assise.
Autre œuvre, un trépied très élégant fait de noyer et de laiton surmonté de deux sculptures figurant des appareils photo au travers desquels on aperçoit l’espace d’exposition de façon déformée et inversée. La «camera» devient alors ce que le mot signifie en latin, une «chambre», un espace qui contient ce que l’on y voit.
Dans l’ensemble, l’exposition de Julian Hoeber se construit à partir de la répétition de différents motifs dans l’espace mais aussi à partir des perturbations qu’il fait subir à ces systèmes de répétition. Au fil des années, les corpus d’œuvres très variés que Julian Hoeber a pu produire ont poursuivi divers buts, avec une méthodologie restant toutefois similaire. Malgré leurs différences apparentes, l’ensemble de ces œuvres se répondent et tissent des liens évidents entre-elles.