Communiqué de presse
Judit Kurtag
Judit Kurtag
Enfant, elle vit sous le même toit avec des parents et grands-parents tous musiciens, comme il était fréquent en Hongrie à cette époque. Elle passe son temps dans l’univers artistique et intellectuel de sa famille, fait d’exigences personnelles et de travail, côtoie gens de théâtre, compositeurs, écrivains. En 1980, elle quitte la Hongrie pour la France avec ses parents, son père ayant la possibilité d’émigrer avec un groupe de dissidents. De cette enfance, elle garde une grande exigence intellectuelle, une extraordinaire capacité de travail, mais aussi une parenté avec la musique qui guide absolument toute sa création. Pour intégrer la composante musicale, Judit bifurque de son travail photographique commencé à l’âge de 15 ans, vers la vidéo, qui lui permet d’établir un lien étroit entre le son et la musique d’une part, et d’autre part un rythme de succession des images. Dans Polyglotte grâce à Babel Judit parle de sa double appartenance à la Hongrie et à la France linguistique, culturelle. «L’image d’un visage est si ralentie qu’elle paraît fixer, avec en surimpression, des réflexions sur la découverte de l’école, en France, par une petite réfugiée de 9 ans, et une bande-son qu’il faut attentivement écouter: les cordes vocales de celui qui émet le son guttural entrent en résonnance l’une avec l’autre et produisent un son double, comme en émettent certains chanteurs mongols.»
Grâce à la complicité de son père, György Kurtág Jr., qui crée pour elle, elle élabore Meet me (t)here. Ce sera leur première véritable collaboration. Puis suivra Une Grammaire du Temps, autre vidéo dont la musique a été réalisée par son père à partir de plans filmés très lents sur sa grand-mère. Judit Kurtág mène un travail sur l’image vidéo que l’on pourrait qualifier de contemplatif. La superposition d’images et de plans d’un même visage fonctionne comme autant de strates de la mémoire.
Avec Sans titre, 2004 la vidéo présentée au Plateau-FRAC ÃŽle de France, dans l’exposition «Ralentir Vite» (9 décembre 2004 – 20 février 2005), Judit Kurtág nous demande d’accorder le temps nécessaire au regard sur une vidéo dans laquelle les images retravaillées sont plus proches du dessin que de la photographie. Les plans qui glissent de manière presque imperceptible les uns sur les autres se succèdent et s’entremêlent avec lenteur créant un univers où la superposition et l’agencement d’images éparses élaborent un paysage mental qui retient notre présence par son étirement et sa lenteur.
critique
Judit Kurtag