Thomas Mestrallet
Joue-la comme Bentham
Le titre de l’exposition manifeste déjà l’intention que l’artiste a de parler un langage double, afin d’établir une polarité entre ce qui est visible et ce qui ne l’est pas. En effet, le point de départ fut le travail de Bentham (1748-1832) et son importance dans la formation de la société uniforme et implacable qui est la nôtre.
Ici, cette philosophie, qui propose la surveillance comme modèle social, est dissimulée dans le titre du film, autant que l’est une caméra de vidéo-surveillance dans le mobilier urbain. C’est donc l’idée de camouflage et d’autorité qui guida l’élaboration de cette exposition. Si les volumes présentés font essentiellement appel à une pratique formelle de la sculpture, la scénographie se veut dresser un constat objectif mais sans complaisance de ces palliatifs à l’usage de la force par l’autorité. Mais ce n’est qu’en tant que point de départ que ce concept intervient, et la présentation des dessins souligne encore d’autres aspects tels que l’architecture, l’urbanisme et la relation à la mémoire… Il s’agit par là d’aller au plus loin dans l’objectivité sans perdre de vue que la sculpture comme le dessin seront subjectifs par définition.