Dix grandes peintures à l’huile sur cire d’abeille où tout est occasion de jouissance visuelle… la densité des rouges, la suavité des orangés, la sensualité de souples entrelacements, la volupté d’équilibres exacts. Dix poèmes du noir où les oranges clairs s’exténuent en jaunes sombres, se densifiant sous le regard. Etendues lisses. Images pleines, où le vide n’existe pas car toute la surface a été impressionnée.
Chaque toile semble s’enténébrer diversement selon l’incidence d’un flot lumineux. Une lumière, matière propre de la peinture, qui structure l’image de présences aux volumes et aux transparences fictives. Une lumière qui advient au sein des ténèbres, aux creux des ombres. Comme l’éternelle toile tissée par l’existence. Des trous noirs fréquents et quelques aurores.
José-Maria Sicilia est alchimiste plutôt que peintre. Une vie organique semble soulever sa matière picturale. Sous l’or et le doré, on retient la couleur noire, couleur brûlée, terre noire, couleur magmatique, celle des minerais sortis de la pierre, puis fondus et mêlés dans cette infinie expansion de chromatismes.
On se surprend alors à orienter ses rêveries lumineuses vers la quête d’apparitions allusives ou de paysages fugitifs. Partout, comme Apollinaire le prévoyait, « … le mystère en fleurs s’offre à qui veut le cueillir », et naissent « Mille phantasmes impondérables/Auxquels il faut donner de la réalité ». Des végétations folles se lancent à la conquête de l’espace, des constellations se mettent à faire la roue dans des espaces sidérants. Et soudain, cette lumière qui s’éteint devient mise à jour de l’aura, irradiation, découverte picturale de l’invu.
Une peinture innocente en quelque sorte, mais d’une innocence phénoménale.
Jose-Maria Sicilia
— Série « La Luz que se apaga », 2003. 10 peintures à l’huile sur cire d’abeille. 184,5 x 156,5 cm.
— Série « Sans titre », 2003. 8 œuvres aux crayons de couleur sur papier japonais. 50 x 50 cm.