Avec Khouyoul (2018), Kabinet K (le duo belge Joke Laureyns et Kwint Manshoven) livre une version tunisienne de sa pièce Horses (2018). Adaptation réalisée à la demande du collectif tunisien L’Art Rue, Khouyoul propage sa dynamique d’ouverture à l’autre. Tout en puisant dans ses nouveaux interprètes et sa traduction (y compris musicale) une force singulière ; d’autres nuances dans la plastique de la confiance. À la base, Horses [Chevaux] est une pièce chorégraphique portée par dix interprètes. À savoir cinq enfants et cinq adultes. Rapports primaux : adultes et enfants commencent par s’observer et s’attester. Rien est acquis, tout est à construire dans cette relation à l’autre, comme ami ou ennemi potentiel. Et au fil du spectacle, enfants et adultes apprennent à nouer des liens faits de respect mutuel. Pour Khouyoul, Joke Laureyns et Kwint Manshoven se sont associés aux deux chorégraphes et danseurs Selma Ouissi et Sofiane Ouissi.
Khouyoul de Kabinet K et L’Art Rue : recréation tunisienne de Horses
SÅ“ur et frère, Selma et Sofiane Ouissi sont à l’origine de la structure L’Art Rue, basée à Tunis. L’idée ? Par l’art soulager une partie du malaise qui oppresse la vie quotidienne à Tunis. Pièce poétique mais sans naïveté, dans Khouyoul l’enfant est ce qu’il est. Un être petit, physiquement plus faible, moins expérimenté face à l’adulte aguerri et pas toujours bienveillant. Mais conscient de ses faiblesses, l’enfant l’est aussi de ses forces : une agilité accrue, une plus grande liberté dans le mouvement et le rapport à l’espace. Ainsi qu’une capacité d’apprentissage et d’adaptation plus vive, plus souple. Et comme il n’y a pas Un Enfant et Un Adulte, mais des personnes différentes, avec chacune leurs histoires, Khouyoul tisse de nouvelles façons d’apprivoiser. Avec neuf danseurs (six enfants, trois adultes) et trois musiciens live — Mahmoud Turki (luth), Imen Mourali (kanoun, percussions, guitare) et Alaa Eddine El Mekki (saxophone, clarinette).
Six enfants, trois adultes et trois musiciens : par la danse apprendre à se respecter
Forme plurielle de khayl [cheval], aux côtés de termes comme faris et hisan, khouyoul désigne les chevaux. Avec, peut-être, une connotation métaphorique de force. Imprégnant la pièce, cette énergie est à l’œuvre dans les rapports entre danseurs. Quand roulé en boule le corps d’une personne n’excède guère la taille d’un gros ballon de basket, il faut probablement beaucoup de confiance pour accepter de se laisser porter à bout de bras. Car l’enjeu est là . Dans la qualité du lien qui se noue lorsque des êtres sont dans des rapports de force aussi manifestement inégaux. Comment doser l’ascendant pour ne pas écraser toute créativité ? Comment sortir du domptage, de l’élevage, pour entrer dans l’échange ? Et comment accepter qu’un symbole de puissance puisse être faillible et ne pas avoir toutes les solutions ? L’Art Rue et danse de ruades, Khouyoul déploie ainsi ses propres réponses en acte, élaborées collectivement.
À découvrir en première française lors du Festival de Marseille 2019.