John Douglas
Homeland Security
Avec pour seule parure son fusil M16, John Douglas semble l’unique sujet de cette série d’images. En se multipliant, il devient un vrai «One Man Army» (une armée à lui tout seul) armé jusqu’aux dents. Une succession de «tableaux» confronte le pouvoir à l’impuissance d’une arme dérisoire, questionne la polarité toujours plus grande dans la politique américaine et dans les aptitudes sociales.
Après les attentats du 11 septembre 2001, le président George W. Bush crée le « Department of Homeland Secutity ». Regroupant 22 agences coordonnées à la Maison Blanche, il a pour but d’assurer une plus grande sécurité du pays tant contre les attaques terroristes que les catastrophes naturelles.
« Homeland Security » (littéralement « sécurité de la mère patrie ») est aujourd’hui le terme générique communément employé par les politiques, les médias et les citoyens eux-mêmes. Il évoque l’idée d’un pays en alerte constante, plongé dans un climat de peur.
«Homeland Security» de John Douglas est donc une critique sardonique de l’actuelle politique étrangère militaire préventive américaine du «Go it Alone» (vas-y tout seul) et un portrait délirant du «soldat citoyen» défendant les clichés de son habitat natal : la caravane, la pelouse, le cercueil couvert du drapeau, l’accès maritime… et, ce qui glace le plus le sang, le fait d’être assis stoïquement devant une télévision, dans une obscurité interrompue par sa lumière cyclopéenne intermittente.
Cofondateurs en 1967 du collectif Newsreel très engagé politiquement, John Douglas a réalisé dans les années 60-70 avec son vieux camarade Robert Kramer, People’s war au Viet-Nam du nord et Milestones.