John Coplans, Craigie Horsfield, Ingrid Mwangi
John Coplans, Craigie Horsfield et Ingrid Mwangi
John Coplans
John Coplans, né en 1920 à Londres, est décédé le 21 août 2003 à New York. L’exposition anticipe un Mémorial qui aura lieu le 20 mai à New York; une cérémonie suivra à Paris.
À soixante ans, après s’être consacré à une activité de critique (co-fondateur et rédacteur en chef du magazine Artforum), de conservateur (Pasadena Art Museum) et de directeur de musée (Akron Art Museum), John Coplans reprend son travail d’artiste. Il photographie son corps nu, marqué par le temps et l’expérience. Il le détaille, le fragmente, le recompose. Les images, toujours noir et blanc, constituent une manière de réinventer, de se réapproprier un corps vieillissant. Une manière, comme le dit Coplans, de le «rendre intéressant», de traduire sa force et sa vitalité, à l’âge de soixante, soixante-dix et quatre-vingt ans.
La série «Interlocking Fingers», présentée pour la première fois, se compose de photographies, en gros plan, des doigts de l’artiste entremêlés les uns dans les autres. La tension et le dynamisme sont accentués par la précision des détails, en contraste cependant avec l’effet de quasi-abstraction provoqué par l’angle de prise de vue très serré et l’agrandissement du sujet. Les mains deviennent des objets énigmatiques tout en restant identifiables, la perte de repère n’est que partielle.
Craigie Horsfield
Craigie Horsfield est né en 1949 à Cambridge, Grande-Bretagne. Il vit et travaille à New York et Londres.
La photographie chez Craigie Horsfield est une manière de voir le monde et de penser la pratique artistique. L’acte créateur est pour lui possible dans le partage, la participation de son entourage, la discussion et la communauté.
Les portraits et les scènes d’intérieur, les vues de paysages et de rues désertes, les nus et les natures mortes mettent en images son positionnement face à l’art, sa réflexion et ses recherches sur le support. Chaque photographie est un tirage unique, développée par Horsfield grâce à un procédé complexe qu’il a lui-même élaboré.
Les photographies visibles à la galerie, tirées en noir et blanc et en grand format, représentent des paysages déserts, naturels ou industriels. Les images, si elles fixent un lieu et un instant, ont néanmoins une durée : on sent le temps qui passe. Le sujet semble s’effacer au bénéfice de l’impression et de la sensation. Les photographies très précises et détaillées, parfois presque floues présentent un effet de matière; comme si les surfaces veloutées illustraient ces propos d’Horsfield : «la photographie devrait être aussi vulnérable que la peau».
Ingrid Mwangi
Ingrid Mwangi est né 1975, Nairobi, Kenya. Il vit et travaille à Saarbrück, Allemagne.
La recherche d’identité et la question de l’origine sont au cœur du travail d’Ingrid Mwangi. Née d’un père kenyan et d’une mère allemande, elle a vécu au Kenya et réside en Allemagne depuis l’âge de quinze ans. Sa culture double et métissée entraîne une ambiguïté d’appartenance: elle est à la fois la même et l’autre, identique et différente, plus blanche ou plus noire selon le pays où elle se trouve. Dans une recherche personnelle d’équilibre et de connaissance de soi, elle travaille sur son corps — sa peau, ses cheveux — de manière physique et symbolique.
Les performances et les vidéos sont une prise de position par rapport à deux mondes très différents dont elle tente de rapprocher les cultures. Au-delà du questionnement de sa propre identité, Mwangi met en place un discours sur les systèmes sociopolitiques, où la réflexion sur l’origine et le genre humain devient universelle. Les thèmes duels de l’emprisonnement et de la liberté, de la répression et de la dominance, les stéréotypes et les préjugés sont intégrés, analysés, retranscrits et transformés.
critique
John Coplans, Craigie Horsfield et Ingrid Mwangi