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Joan Fontcuberta

Depuis bientôt trente ans, Joan Fontcuberta, photographe, mais aussi plasticienne, essayiste, historien, critique, journaliste, formé dans sa jeunesse aux sciences du langage de l’information et de la communication, développe une oeuvre qui interroge dans tous ses apsects et conséquences la valeur narrative de l’image.

Information

Présentation
Clément Chéroux
Joan Fontcuberta

S’il est une vertu dont l’œuvre de Joan Fontcuberta n’est pas dénuée, c’est bien l’espièglerie. Depuis maintenant près de quatre décennies, c’est avec une bienveillante malice que cet artiste catalan, né en 1955, utilise l’aura d’authenticité de l’image photographique pour inventer des histoires, répandre des rumeurs, engendrer des chimères, créer des mythes, et nous faire ainsi prendre des vessies pour des lanternes.

Les premiers échos du travail de Fontcuberta se firent entendre sur la scène internationale au milieu des années 1980 avec une série intitulée Fauna. A l’époque, il prétendit avoir découvert les archives du professeur Ameisenhaufen, un cryptozoologue allemand spécialisé dans l’étude des espèces animales rares, supposées disparues, ou dont l’existence même est sujette à caution. A partir de 1987, il présenta ces archives dans divers lieux selon des dispositifs muséographiques habituellement employés dans les institutions scientifiques.
Des vitrines exposaient des notes dactylographiées, des croquis d’après nature, des cartes, des fragments osseux, quelques spécimens empaillés et quantité de photographies. Des panneaux didactiques s’employaient à expliquer aux visiteurs les particularités du Micostrium vulgaris, du Centaurus neandertalensis, ou du Cercopithecus icarocomu: leur morphologie, leur type de comportement, de nourriture ou d’habitat, et jusqu’à leur mode de reproduction. Présenté comme simple commissaire de l’exposition, Fontcuberta avait en fait fabriqué de toutes pièces chacun des objets qui la composaient.
A sa demande, un taxidermiste avait associé, dans la plus pure tradition des wolpertinger allemands, des morceaux d’animaux provenant d’espèces différentes afin de recomposer des créatures imaginaires. Celles-ci avaient ensuite été photographiées en situation.
Il restait encore à confectionner l’environnement documentaire, à le vieillir artificiellement, et à présenter le tout selon les principes didactiques des musées scientifiques, pour que l’ensemble apparaisse comme une authentique archive fraîchement exhumée.

Une oeuvre si singulière qu’il est difficile de la caractériser d’un mot sans la caricaturer, une oeuvre qui constitue une contribution majeure à la question de la vérité dasn l’art.
Cette façon qu’il a d’inventer des personnages, hommes ou animaux, des situations improbables, de développer des mythes et des légendes e, de les détournere au profit d’un imaginaire en constant mouvement laisse le lecteur ébloui.
Facétieux bien que foncièrement rigoureux, cet artiste inclassable ne cesse de pervertir les codes du langage iconographique et de mettre en doute la perception que nous en avons

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