Le Théâtre de l’Etoile du nord présente Line, de la chorégraphe Delphine Caron, dans le cadre du festival Jet Lag 7. Line. «Ligne» en français. Ligne comme direction, route, chemin de vie. Ligne pour ligne de front ou ligne de communication. Ligne comme frontière, comme passage, comme trait ou comme trace. La création de Delphine Caron interroge le principe de déconstruction. A travers une succession de petites pièces courtes durant de une à quinze minutes, Line dresse une série de portraits explorant différents thèmes: la transformation, l’altérité, les frontières.
La danse de Line se construit à partir de déséquilibres, de glissements, de chutes, de mutations et de disparitions. La ligne des corps, la ligne entre les corps, se défait, se brise, devient invisible, mais toujours réapparaît, évolue, se transforme. Rien n’est immuable, tout se transforme: la pièce met en scène ce principe en créant un espace mouvant dans lequel évoluent des corps fragmentés. L’ordre des séquences échappe à toute logique pour nous faire basculer tout au long de la pièce dans l’inattendu, l’inconnu, dans l’acceptation d’une réalité hors de notre contrôle. Line, c’est en fait l’exercice du «cadavre exquis» appliqué à la danse: un enchaînement vif de séquences, fait de ruptures inattendues et de successions improbables.
L’univers sonore tout comme les lumières participent du mouvement de déconstruction de la pièce. Les sources s’accumulent et s’opposent en permanence. Le son, celui de la rue, se joue des contrastes: entre la mélodie et le bruitage, entre le piano et le forte, etc. Des lampes à led sont accrochées au dessus de la tête des danseurs tandis que d’autres, placées au sol, délimitent le cadre de scène. Tout est fait dans Line pour exacerber nos sensations et renverser la perception que nous avons du monde. Quelle finalité? Une leçon de vie: nous nous devons d’accepter l’instabilité, la perte et la disparition car, si douloureuses soient-elles, elles sont nécessaires à l’évolution des êtres.