Raphaël Boccanfuso, Baptiste Debombourg, Aymeric Ebrard, Lionel Sabatté, Skall
J’entends un murmure insolite
«Tout porte à croire qu’il existe un certain point de l’esprit d’où la vie et la mort, le réel et l’imaginaire, le passé et le futur, le communicable et l’incommunicable, le haut et le bas cessent d’être perçus contradictoirement.» André Breton, Second Manifeste du Surréalisme, 1929.
L’oeuvre plurielle de Raphaël Boccanfuso (1964) trouve sa problématique d’ensemble à travers une attitude amusée et provocante qui met au défi toutes sortes de schémas référentiels. Du sceau ou du tatouage dont on reconnaît l’esthétique tribale de certains entrelacs stylisés, du blason aux scarifications rituelles, les séries Gratte moi jusqu’à l’os, Tendre noir ou Des clous en appellent à l’identité de l’artiste et à la communauté, expressions figurées du je et du nous. Le film Transcommunication sera projeté dans sa version complète le mardi 8 novembre 2011 à 20h00 lors de la programmation «Ce monde est étrange» de Stéphane Pichard au cinéma Accatone (20, rue Cujas 75005 Paris).
Avec Baptiste Debombourg (1978) les éléments tangibles, solides, font les frais d’un travail ironique de travestissement. Sa pratique est libre, guidée par un puissant désir d’exploration, perceptible jusque dans la diversité des processus et des médiums qu’il utilise. Chez lui, le support n’a que peu d’importance: il dessine, prend des photographies, réalise une sculpture, un film. Chaque projet naît d’une rencontre, d’une curiosité renouvelée, une observation minutieuse de la réalité la plus pragmatique, la plus élémentaire. Le vulgaire, le standard «va en s’élevant» – pour reprendre la définition première du mot sublime (sublimis en latin). Les objets échappent ici à leur médiocrité première romantiques.
Tentant indéfiniment d’organiser le chaos du monde en le hiérarchisant dans un ordonnancement élémentaire de strates et de références superposées, le travail d’Aymeric Ebrard trace de grandes lignes qui ramènent toujours à un repère orthonormé, donc à une origine. Interrogeant à travers le jeu d’équilibre subtil des formes et des masses, les notions de centre et d’axe – axis mundi -, comme celles d’abscisse et d’ordonnée, d’horizon, de vertige, d’étendu, d’infini ou de transcendance, il déploie comme sur un invisible échiquier, ce qu’il reste des pièces d’une comédie humaine mystérieuse dont le système rythme l’espace autant qu’il le définit.
Chez Lionel Sabatté (1975), la récupération – d’un motif marginalisé (les lunettes par exemple!), d’un résidu organique (la peau, les ongles) ou animal (coquille d’oeuf et plumes), d’un matériau ignoré (la poussière) – est le signe du temps qui passe, mais encore une façon de questionner la pratique artistique. Parce qu’elle rend compte d’une vie passée, à l’état minéral ou organique, parce qu’elle est le résultat d’un processus permanent de décomposition, la poussière a une forte dimension existentielle. Le travail de Lionel Sabatté est exposé à la Fiac Hors les murs au Jardin des plantes (Grande Galerie de l’Evolution) du 17 octobre au 7 novembre 2011.
L’oeuvre de Skall (1960) se caractérise essentiellement par l’élévation harmonieuse d’objets du quotidien. L’artiste agrège ainsi porcelaines, verres, plastiques et tous autres matériaux hétéroclites dans des sortes de tours pouvant parfois atteindre plusieurs mètres de haut et plus récemment ces assemblages ont pris la forme de pièces murales. Skall développe ses créations dans plusieurs domaines : la sculpture, la performance et la photographie. Performance de Skall, jeudi 20 Octobre à 20h (nocturne des galeries parisiennes).