Présentation
Scott Rothkopf (dir.)
Edition française supervisée par Bernard Blistène
Jeff Koons
Jeff Koons est sans conteste l’un des artistes les plus influents et les plus controversés de ces dernières décennies. Cet ouvrage permet de découvrir l’ensemble de son œuvre à l’occasion de l’exposition exceptionnelle qui lui est consacrée au Centre Pompidou.
Grâce à une iconographie spectaculaire et à des contributions tant d’historiens et de critiques d’art que de personnalités venues d’horizons très variés, c’est toute l’évolution de son travail qui est mise en perspective, permettant de comprendre son incroyable retentissement au-delà même du monde de l’art.
«Koons adopte des modes de reproduction étranges, toujours légèrement en avance sur notre temps. Il est devenu célèbre pour sa façon de capter notre monde visuel et matériel et de la reproduire, le faisant renaître, comme il le dirait, mais dans une version améliorée. Un petit bibelot en porcelaine va prendre des dimensions monumentales et être usiné avec une extrême précision dans le marbre le plus rose que l’on puisse imaginer; un ballon d’enfant devient plus gros, plus brillant et plus beau que tous ceux que l’on a jamais vus, devenant sa nouvelle existence chromée une version Terminator de son humble modèle en caoutchouc.
Cette métamorphose est à la fois excitante et troublante, car ce qui est transformé, ce n’est pas seulement le format ou la valeur matérielle de l’objet mais sa matérialité, sa quiddité. Tout au long de sa carrière, Koons n’a cessé d’élever ses ambitions technologiques et la complexité de sa production, au point que ses normes de fabrication dépassent aujourd’hui largement celles des industries les plus avancées, aérospatiales ou militaires notamment. Après avoir reproduit à l’identique des objets manufacturés, il est parvenu à des processus de réplication d’une sophistication époustouflante, et qui ne cessent d’évoluer. Les entités qui en résultent sont aussi étrangères que familières.
Koons aime la ressemblance, mais il valorise aussi la différence. Dans ses œuvres les plus récentes, il a tendance à osciller entre ces deux pôles: il peut viser la reproduction la plus précise possible de l’objet “original” en captant ses moindres détails, y compris ses imperfections; ou décider, à l’inverse, d’en modifier radicalement certain attributs. Autrement dit, il prend le parti soit de reproduire fidèlement les choses, soit au contraire, de les refaçonner. Il peut reproduire la forme, la texture et même l’intérieur d’un objet, mais modifier ses dimensions, son matériau, sa surface et sa couleur. Il lui arrive aussi de transfigurer complétement le mode de production industrielle de l’objet qui lui sert de référent.»
Michelle Kuo
Sommaire
— Avant-propos, par Alain Seban
— Avant-propos, par Adam D. Weinberg
— Enjoy!, par Bernard Blistène
— Sans limites, par Scott Rothkopf
— Inflatables
— Pre-New/ The New
— Equilibrium
— Luxury and degradation
— Statuary / Kiepenkerl
— Banality
— Made in heaven
— Celebration
— Easyfun
— Easyfun-Ethereal
— Popeye
— Hulk Elvis
— Antiquity
— Gazing Ball
— De New York à New York, par Jeffrey Deitch
— Amour et Basketball, par Pamela M. Lee
— Happy Hour, ou comment j’ai appris à cesser de m’inquiéter et à aimer le message, par Rachel Kushner
— La vie comme ressource. Mythification, autopromotion et création de valeur chez Jeff Koons, par Isabelle Graw
— Le don de l’art, par Achim Hochdörfer
— Desseins de vie, par Antonio Damaso
— Des objets qui ne sont que des limites, par Alexander Nagel
— Unique en son genre, par Michelle Kuo