Jef Geys
Jef Geys
L’œuvre de Jef Geys entamée en 1947 à l’âge de 13 ans ne cesse de se dérober, de se camoufler et de prendre à revers les catégories de l’art contemporain. Profondément arrimée dans la dimension autobiographique, en marge de toute contemplation esthétique, son œuvre opère dans une dynamique constante un croisement entre culture populaire et singularisation du banal.
Privilégiant le «monde comme support» et aspirant à une synthèse entre l’art et la vie, Jef Geys s’inscrit (sans le revendiquer) dans la continuité de Fluxus.
Depuis 1958, il procède à un inventaire méticuleux de toutes ses œuvres qu’il ordonne en sujet, genre, année et nombre. De cet archivage, Jef Geys extrait les thématiques de ses nouvelles expositions qui ne sont qu’une manière d’arraisonner, de réactiver des événements autobiographiques et des œuvres anciennes dans un contexte nouveau qui en redynamise le sens.
Il présentera deux projets mêlant étroitement le document officiel et l’histoire intime: Les passeports de vaches développés dans les années 1965-66, quand Jef Geys, qui accompagnait son beau-père marchand de bestiaux, dessinait et enregistrait les caractéristiques physiques des vaches, leur conférant ainsi une identité. Une nouvelle installation comprenant 21 nouveaux passeports de vaches a été réalisée.
!questions de femmes! est une série développée au début des années 60, alors que Jef Geys était professeur d’esthétique dans l’école de Balen (lieu de sa résidence en Flandres, Belgique). Procédant à un inventaire des questions qui pourraient relever d’interrogations de femmes sur leur identité, Jef Geys les soumettait pour débat aux élèves de sa classe. Transposées dans les années 80 dans le champ de l’art contemporain, ces !questions de femmes! sont aujourd’hui traduites en 13 langues; la version hindi sera présentée dans la vitrine sur rue de la galerie.
L’exposition sera accompagnée de la publication d’un journal Kempes Informatieblad, édition spéciale Air de Paris. Refusant la sacralisation des œuvres d’art dans les catalogues d’exposition, Jef Geys édite le journal Kempes Informatieblad depuis 1971 (Kempes est la traduction de Campine, région des Flandres où il vit) dont les éditions successives accompagnent ses travaux.
Ces journaux constituent de véritables «carnets de bord» qui entremêlent sans hiérarchisation les éléments nécessaires à la compréhension de son environnement, ses interrogations, ses curiosités et ses œuvres.
Francis Mary