Le Centre Pompidou Paris consacre une grande rétrospective à l’UAM (Union des Artistes Modernes, parfois orthographiée U.A.M.). Jouant sur les lettres, l’exposition « UAM, Une Aventure Moderne » réunit ainsi plusieurs dizaines d’artistes. Designers, architectes, peintres, sculpteurs, décorateurs, photographes, affichistes… Le courant aura eu comme particularité de rassembler les disciplines artistiques sous la bannière commune de la modernité. Un peu à la manière du Bauhaus, en Allemagne. Une modernité portée par l’industrialisation et le désir de démocratiser l’achat d’œuvres. Matériaux venus de l’industrie (verre, métal), productions en série, baisses des coûts par la massification… Dans les domaines spécifiques du design, l’UAM aura marqué durablement la création française avec des pièces fonctionnelles et épurées. Tubulures, armatures légères et mobiles, lignes sobres et dynamiques… Les pièces de mobilier (tables, chaises, fauteuils, rangements), les objets et luminaires y auront été conçus pour intégrer notamment des grands ensembles clairs et modernes.
Exposition « UAM, Une Aventure Moderne » : habiter le monde industriel (verre, métal)
L’UAM nait en 1929, pour mieux se distancer de la SAD (Société des Artistes Décorateurs), alors très suivie sur la scène française. Avec près de deux-cents membres, actifs ou invités, l’UAM demeure une constellation aussi large que mouvante. L’exposition « UAM, Une Aventure Moderne » ne commence donc pas en 1929 : elle inclut les prémices du mouvement. Quand, au tournant du XXe siècle, l’industrialisation aura eu pour corrélat une refonte de l’urbanisme, de l’architecture, de l’intérieur des logements. L’exposition offre ainsi une plongée dans les trois décennies préfigurant le manifeste de l’UAM (1934). Avec son premier noyau composé d’architectes et designers, comme Robert Mallet-Stevens, Francis Jourdain, René Herbst, Charlotte Perriand, Eileen Gray, Pierre Chareau, Jean Prouvé, Le Corbusier, Pierre Jeanneret… La présentation des premiers salons organisés par l’UAM, entre 1930 et 1933, permet ainsi de saisir l’importance du verre, du béton, de l’acier et de l’électricité dans cette redéfinition de la production.
Le design de l’Union des Artistes Modernes (1929-1958) : simple, léger et fonctionnel
En 1934, l’UAM publie son manifeste, Pour l’art moderne, cadre de la vie contemporaine. Faisant vÅ“u de « s’entêter à créer sans regarder en arrière », les membres de l’UAM valorisent des idéaux humanistes et socialistes. Amélioration du cadre de vie avec des intérieurs clairs et salubres, faciles à nettoyer… Pièces aisément transportables et livrables, fonctionnelles, pour une réduction du temps d’entretien et des coûts de production. À l’aune de ses dates officielles (1929-1958), l’UAM traverse la seconde Guerre Mondiale. Une cassure qui ne fait que renforcer l’impératif de produire vite et à faible coût, afin d’optimiser la reconstruction. Dès 1944, René Herbst organise une assemblée générale autour de l’habitat d’urgence, avec la définition d’un plan d’action. Des ingénieurs (tel Robert Le Ricolais), rejoignent l’UAM. Qui se rapproche elle-même du ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme, pour des chantiers d’envergure. En 1949, la branche Formes Utiles apparait, tandis que le Salon des Arts ménagers est à son apogée.
Forts de cet essor, les membres de l’UAM s’autonomisent alors les uns des autres et l’union se dissout en 1958. Une dissolution officielle qui n’éteint en rien l’influence de l’UAM sur la suite de la production du design français. Pour les visiteurs dont la curiosité aura été piquée par l’exposition « UAM, Une Aventure Moderne », la Galerie Pascal Cuisinier propose une exposition dans la continuité. À savoir « Les Héritiers de l’UAM ». Par ailleurs, la vaste rétrospective du Centre Pompidou englobe également peinture et sculpture.