Communiqué de presse
Jean-Pierre Pincemin
Jean-Pierre Pincemin
Le Musée des beaux-arts d’Angers présente, du 8 mai au 19 septembre, le travail de Jean-Pierre Pincemin, artiste passionnant à l’oeuvre généreuse disparu en 2005, en association avec le Musée d’art moderne de Céret et le Musée La Piscine de Roubaix, qui lui consacrent également une exposition.
Jean-Pierre Pincemin (1944-2005) fait preuve dès ses débuts d’une singularité et d’une liberté d’esprit qui animent toute son oeuvre. Autodidacte, venu à la peinture par des voies buissonnières, il pratique d’abord une peinture non-figurative dans les années soixante et soixante-dix, adhère un bref moment au mouvement Supports-Surfaces, s’en écarte puis peint de somptueux tableaux géométriques et contemplatifs qui font son succès.
Sa «métamorphose» au milieu des années quatre-vingts, alors qu’il se tourne vers la figuration, déroute le monde de l’art. Par la suite il explore avec passion de nombreux sujets, des enluminures médiévales aux estampes japonaises, pour arriver enfin à de grandes toiles énigmatiques où domine l’arabesque. Libéré de toute doctrine, Pincemin explore la multiplicité des techniques et des matériaux, en peinture comme en sculpture ou en gravure, assemblant, mélangeant, dans un incessant besoin de renouvellement et d’invention. Il occupe une place essentielle dans la scène artistique française à partir des années soixante.
Si les musées de Roubaix et de Céret proposent une vision rétrospective de l’oeuvre, le Musée des beaux-arts d’Angers, qui avait organisé en 1997 une exposition rétrospective de son travail, s’intéresse cette fois surtout à deux périodes de son oeuvre, d’un extrême à l’autre de sa carrière.
Les grandes toiles libres des années 1967-1976 marquent une intense période d’expérimentation des matériaux, des supports et des procédés, du geste et de l’organisation de l’espace. C’est ainsi l’occasion de redécouvrir les variations sur les Empreintes, les Carrés-collés et les Palissades, grands assemblages de toiles découpées et collées, sans châssis, aux motifs géométriques utilisant un minimum de couleurs. Puis le motif s’estompe pour céder la place à d’autres compositions abstraites et l’artiste revient à la brosse pour obtenir des surfaces d’une grande densité.
Par ailleurs, l’exposition insiste sur des oeuvres réalisées entre 1995 et 2005. Après 1986 et la fameuse série de «L’Année de l’Inde» qui l’amena à la figuration, Pincemin s’intéresse à l’histoire de la représentation et fait de nombreux emprunts à l’imagerie religieuse occidentale et à l’iconographie orientale: variations sur les Chasse au tigre, tirées d’une estampe japonaise, les Manteau chinois, Arbre de la connaissance ou figures de saints issus des enluminures médiévales. Puis vers 2000-2005, retour à une certaine organisation de l’espace dans de grandes toiles aux réseaux d’entrelacs ou de labyrinthes, de signes ou de calligraphies, et des toiles saturées de cercles multicolores où explose la puissance de la matière et de la couleur.
Ces deux «périodes» ne sont pas présentées de manière chronologique, mais associées dans un dialogue qui met en relief, plus que leurs différences, leur parenté et la cohérence de l’évolution de Pincemin. À travers la scénographie qui renforce cette confrontation des oeuvres, c’est la jubilation de la peinture qui s’exprime. Ce parcours de peinture est ponctué d’une dizaine de sculptures, assemblages joyeux de matériaux de récupération, indissociables du reste de l’oeuvre par leur
picturalité.
Enfin, l’exposition consacre un espace particulier à un aspect émouvant et plus secret de l’oeuvre de Pincemin: les petites peintures sur papier qui constituent une manière de «musée de poche» selon la formule de l’artiste. Ces petits formats qu’il affectionne ne sont pas des esquisses pour ses grands tableaux, mais sont peints a posteriori, ou pour illustrer des poèmes ou des livres. Proches de la miniature, ils se dégustent comme une visite un peu privée dans l’ensemble de son oeuvre.
critique
Jean-Pierre Pincemin