— Éditeurs : Musée Picasso, Antibes / Paris musées, Paris
— Année : 2004
— Format : 24 x 28 cm
— Illustrations : nombreuses, en couleurs et en noir et blanc
— Pages : 118
— Langues : français, anglais
— ISBN : 2-87900-828-X
— Prix : 25 €
L’artiste comme médium : peindre est difficile avant de peindre
par Jean-Louis Andral (extrait, p. 7-8)
Ici, il est question d’espace, d’un espace à traverser comme la lumière traverse les épaisseurs, d’abord le Plexiglas, puis le papier, lui-même posé sur un fond qui permet de saisir le processus d’imprégnation. Il s’agit bien de pénétrer intimement ces surfaces retenues par la matière transparente qui fonctionne aussi telle une sorte de sas entre deux espaces, celui de la pièce au-delà du mur et celui de la couleur posée sur le papier. Elle est une frontière plane, un miroir qu’il nous faudrait traverser à l’invitation du champ coloré qu’il contient, un filtre – ou un philtre ? -, qui retient et libère la sensualité de ces médiums et de ces matières organiques minérales, végétales ou animales – sel, citron, miel -, depuis qu’elle a pris, dans une étreinte, le papier qui en était imprégné et sur lequel elle a été plaquée.
Est ainsi donnée à voir une matière colorée et coagulante qui définit, selon le vœu de son auteur, une étendue plasmique, une surface donc mais aussi un volume. Car les tableaux sont alors envisagés comme des objets qui occupent une partie du mur qu’ils projettent devant eux et qui font face à l’espace qui leur fait face. Ce dernier se retrouve d’ailleurs encore dans le reflet du Plexiglas, reflet de l’espace hic et nunc, dans le lieu de l’exposition qui devient lui-même constitutif de l’œuvre comme l’est le temps de son élaboration. Le papier, en effet, nourri au miel ou au citron, liants organiques, vieillit indépendamment de la volonté de l’artiste.
(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions Paris musées)
L’artiste
Jean-Pierre Bertrand est né en 1937. Il vit et travaille à Paris.