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Jean-Michel Alberola

PGéraldine Selin
@12 Jan 2008

Peintre associé à la «figuration libre», dite «cultivés», Alberola interroge «cette idée de la fin de la peinture», au travers de toiles et d’œuvres peintes à même le mur.

La galerie Templon présente les dernières œuvres de Jean-Michel Alberola. En 1981, l’artiste participe à une exposition dans la maison du critique d’art Bernard Lamarche-Vadel, avec notamment Robert Combas et Jean-Charles Blais. Alberola a désormais un nom dans la «figuration libre». L’expression vient de Ben et désignera une remise en cause des avant-gardes par des peintres italiens et français des années quatre-vingt.

Cette «figuration libre» est divisée en deux camps. D’un côté, des peintres dits «populaires» comme Robert Combas, nourris de bandes dessinées et prônant la notion de spontanéité. De l’autre, des artistes dits «cultivés», attachés au métier du peintre et qui visitent l’histoire de l’art. Alberola est rangé dans cette deuxième catégorie, aux côtés de Gérard Garouste, pour sa pratique de la citation.

Alberola s’appuie effectivement sur des références mythologiques ou bibliques. Il interprète Suzanne et les vieillards de Tintoret (1985), ou reprend le mythe d’Actéon (l’homme puni d’avoir vu). Cependant, repérer un thème commun chez deux peintres ne dit rien de leurs œuvres respectives, ni de l’art.

L’artiste s’intéresse à «cette idée de la fin de la peinture» (interview par D. Davvetas, Les Images peintes. Jean-Michel Alberola). En 1983, quand le Centre Pompidou organise une exposition en hommage à Edouard Manet, il présente deux toiles, l’une figurative, l’autre pas, la première se trouvant cachée par un tissu au bout de quelques jours. Selon Catherine Millet, Alberola opère une «mise en scène parfaitement orchestrée de la disparition de la peinture dans la peinture elle-même» (L’art contemporain en France). Mais on peut se demander de quelle peinture il s’agit.

A cette époque, Alberola a déjà le souci de l’exposition des tableaux. Il dispose cartes postales, vieilles photographies, ou textes à hauteur d’homme, de ses yeux, et accroche les tableaux hors de portée. Questionnement sur la peinture, sur la façon dont on la regarde. Une œuvre n’est-elle pas autre chose qu’une série d’éléments repérés, de signes, de références ?

Aujourd’hui, Alberola donne à voir des peintures sur toiles et des murs peints. Un contraste de matière. D’une part, les tableaux, sortes de patchworks de zones de corps, de vides de corps, de dépôts dans une brume de couches. De l’autre, des pans de murs aux couleurs vives et graphismes noirs. Le seul état de mes idées, ou J’ai l’impression de parler à un mur sont à la fois les titres et la part d’écriture sur le mur. Analphabêtes, une tête énorme prise dans un cylindre. Une exposition qui amène à considérer la part du signe dans la peinture, dans la théorie de la peinture.

Le discours répandu de l’histoire de l’art situe dans une progression linéaire le moderne et le postmoderne (dont ferait partie la «figuration libre»), et définit l’attitude postmoderne comme «l’intégration de la tradition dans la modernité» (1965-1995. Trente ans d’art contemporain). Une modernité fixée tant bien que mal sur une période. Un discours qui condamne à rester dans le dualisme traditionnel du nouveau et de l’ancien. Qui ne dit pas ce que font les œuvres, comment une œuvre est moderne, comment elle est transformation d’une pensée.

Jean-Michel Alberola

Peintures sur toile
— Celui qui bonnet (de laine) , 2000-2002. 73 x 60 cm.
— Celui qui stratège, 2001-2002. 41 x 33 cm.
— Nicolo S., 2000-2001. 61 x 46 cm.
— Le Roi de Rien I, II, III, 2000-2002. 162 x 150cm chaque.

Murs peints, 2002 (Dimensions variables)
— Analphabêtes
— Commerce
— J’ai l’impression de parler à un mur
— La Chine nouvelle
— Le seul état de mes idées
— Salvador
— Solitaire

Lithographie
— Aérer l’âge d’or, 2001. 47, 5 x 48 cm.

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