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Jean-Michel Alberola

Jean-Michel Alberola propose une sélection d’œuvres réalisées au moyen de différentes techniques : huile, dessin au fusain (une magnifique série rehaussée de pastel), sculpture parfois illuminée au néon (La Pensée de Beckett), encre sérigraphique (Sans équilibre n°4 bis), fresque murale (Reprendre la conversation).

Sur le plan esthétique, il y en a aussi pour tous les goûts. Pour les collectionneurs de peinture-peinture, les nostalgiques d’art figuratif, les amateurs de contrastes colorés (Celui qui sentimental), les passionnés de paysages en noir et blanc émaillés de coulures (Vision de Robert Walser), les friands de nuances et d’accords plus subtils (Celui qui cycliste), les férus de sens ou, au contraire de poésie pure.

Car, depuis un certain temps déjà, Jean-Michel Alberola a mis au point une formule assez rare qui mêle habilement des éléments jusque-là éparpillés chez ses confrères, vivants ou morts. La figure y est présente et, en même temps, elle est libérée de tout objectif représentationnel, documentariste.

Jean-Michel Alberola n’hésite donc pas à mettre la main à la pâte, même si celle-ci reste fine, nuancée, légère. Le dessin à peine esquissé, la couleur estompée, reste la forme toujours présente, imposante mais indéterminée.

Et des rappels visuels, des échos, des clins d’yeux en veux-tu en voilà. Ici, un motif de boule de gomme noire, en 3D, associé à une composition dont il paraît extrait ou qu’il a inspirée. Là, des phylactères de comic strips vides de sens. Ici et là, des variantes d’un même sujet ou d’un même titre (Situation politique du roi de rien).

Les œuvres sont accompagnées la plupart du temps par des inscriptions d’esprit Dada — parfois fines et drolatiques comme celles de Picabia (L’Homme invisible), mais pas obligatoirement, en général énigmatiques comme des légendes d’Ernst ou de Duchamp, toujours politiques comme des aphorismes de Debord – soigneusement tracées en capitales au milieu de l’image ou dans sa partie inférieure.

Ce rapport particulier à l’art — celui de son temps comme celui d’antan — assume la part expressive du fait, pas si simple de nos jours, de peindre comme si de rien n’était.

Jean-Michel Alberola garde bien sûr une certaine distance avec son contenu, qui n’est ni vraiment thématique ni contingent. Il imagine diverses procédures et s’autorise toutes sortes d’associations, de pensées volantes, de citations, de détournements. Ces références ou prétextes sont difficiles à repérer. Impossibles à déchiffrer.

Mais, malgré tout, malgré le fait que Jean-Michel Alberola joue sur des mots aussi connotés que celui de «Révolution», il se situe dans un champ pictural où il s’est imposé avec plus de discrétion et d’élégance que d’autres.

Il en appelle au sens, et aux sens. Les mots sont des motifs picturaux comme les autres — la figure, la forme, la ligne, la couleur. Mais ils deviennent de purs signes qui effacent tout le reste sur leur passage. Ce reste étant donné déjà voilé, camouflé (Celui qui montre), assourdi, suggéré (Celui qui sentimental).

En guise d’adieu, Jean-Michel Alberola a accroché un titre ironique: La Pensée d’une sortie soutient l’ensemble.

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