Lire l’article sur l’exposition de l’artiste à la galerie Air de Paris (15 nov.-20 déc. 2003)
L’interprète
par Éric Troncy (extrait, p. 41)
La première difficulté consiste à cerner la nature même de l’activité de Jean-Luc Verna, qui trouve tour à tour dans le dessin, le cinéma, la musique, la photographie ou sur sa propre peau des terrains d’expression qui ne sont pas forcément équivalents mais forment un ensemble dont la cohérence ne fait aucun doute. Par commodité, on a l’habitude de dire que sa vie se confond avec son œuvre, ce qui présente le double avantage de le définir comme un « artiste » selon l’idée que l’on peut s’en faire selon une tradition romantico-dix-neuvièmiste à la fois anachronique et illusoire, et de prétendre régler la question avec un peu de théâtralité. Ainsi rangé dans une case, il prendrait probablement moins de place et ne ferait plus problème et l’on pourrait sans plus se poser de question goûter le plaisir finalement assez immédiat de ses dessins, par exemple, ou de ses « reprises » de quelques standards du rock ou de la musique disco (Funky Town, de Lipps Inc., pour l’un des plus récents).
La réalité, fort heureusement, est sans doute un peu plus complexe, à la fois à étudier et dans l’esprit de son auteur : un auteur qu’il me semble important de cerner au plus juste comme un « interprète » sans minimiser la somme de travail et de rigueur qu’implique cette fonction, et qui justement est en opposition avec le « naturel » qui pourrait auréoler une activité « d’artiste » envisagée comme le banal prolongement d’une manière d’être au monde.
(Texte publié avec l’aimable autorisation d’ Un, Deux… Quatre éditions)
L’artiste
Jean-Luc Verna est né en 1966 à Nice, où il vit et travaille.