ART | EXPO

Jean Dubuffet, un barbare en Europe

24 Avr - 02 Sep 2019
Vernissage le 23 Avr 2019

L’exposition « Jean Dubuffet, un barbare en Europe » au Mucem de Marseille revient sur la carrière et l’œuvre de l’inventeur de l’art brut en explorant sa production artistique sous l’angle de l’histoire culturelle, de ses recherches ethnographiques et anthropologiques et de sa critique radicale de la culture occidentale.

L’exposition « Jean Dubuffet, un barbare en Europe » au Mucem, à Marseille, revient sur le parcours de celui qui fut un acteur majeur de la scène artistique du XXe siècle en tant que peintre, sculpteur, écrivain et inventeur de l’art brut. A travers plus de trois cents œuvres et objets, on découvre comment les activités plastiques et d’écriture se sont entremêlées au sein de sa pratique avec les recherches qu’il a consacrées à l’ethnographie, l’art populaire et les créations de malades mentaux et de marginaux, autrement dit, ce qu’il nomme l’art brut.

« Jean Dubuffet, un barbare en Europe » : une œuvre mêlée d’ethnographie

Le titre de l’exposition, « Jean Dubuffet, un barbare en Europe », fait référence au livre d’Henri Michaux Un barbare en Asie, dans lequel le poète montrait que dans une autre culture, en pays « barbare », c’était lui qui devenait le « barbare ». Une observation qui correspond précisément à la volonté de relativiser les valeurs qui animait Jean Dubuffet. Remettant en question celles de la culture occidentale et cherchant à s’en libérer, l’artiste s’est intéressée aux autres cultures en refusant toute notion de hiérarchie en art.

En suivant le cheminement de l’œuvre de Jean Dubuffet sous l’angle de l’histoire culturelle et de l’anthropologie, l’exposition retrace la redistribution des valeurs qui s’est opérée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et qui fondent la culture contemporaine.

Jean Dubuffet, inventeur de l’art brut

La première partie, intitulée « Célébration de l’homme du commun », revient sur cette figure fantasmatique qui apparaît au cœur des écrits et de la peinture de Jean Dubuffet dès 1944. Y sont présentées des œuvres telles que le tableau Paris plaisir, réalisé à la gouache et avec des pièces collées sur papier et la peinture Affluence, issue de la série Paris Circus, qui montre la vive agitation de la ville pendant les Trente Glorieuses et le commun des femmes et hommes constituant la foule, mais aussi des marionnettes et masques de carnaval qui témoignent de l’intérêt de Jean Dubuffet pour l’art populaire, et des lithographies réalisées en 1945 à partir de recherches de graffitis à travers Paris, qui préfigurent ses recherches pour l’art brut.

On découvre dans la deuxième partie, « Une ethnographie en acte », comment Jean Dubuffet, a détourne les usages ethnographiques pour alimenter son œuvre et de sa réflexion. Ainsi les œuvres comme la peinture Vénus du trottoir et Henri Michaux acteur japonais télescopent le proche et le lointain, dans le temps comme dans l’espace. Enfin, la troisième partie, « Critique de la culture », détaille la remise en question par Jean Dubuffet de la distribution des valeurs qui fonde la culture humaniste. La peinture Le Géologue, de la série Tables paysages, paysages du mental, pierres philosophiques, incite à relativiser la place de l’homme, le livre L’Hourloupe, associant formes indéfinies et définitions en une langue inventée met en lumière l’arbitraire du langage, tandis que les œuvres collectées par l’artiste dans le cadre de son entreprise de l’art brut achèvent de faire table rase de la culture artistique.

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