Les tableaux nous projettent dans un enchevêtrement de figures, un télescopage complexe de façades d’immeubles, de personnages et d’objets. La ligne accidentée des contours et l’emboîtement anarchique des composantes de l’image agite la surface de soubresauts électriques. Un souffle dionysiaque traverse ces compositions agitées, évoquant tout autant un univers en dérive, traversée de tensions destructrices qu’un chaos festif de carnaval. L’approche stylistique du peintre évoque également la bande dessinée et le graffiti, contribuant de ce fait à maintenir la tonalité ambiguë de l’image.
Les motifs de la table et de la chaise apparaissent souvent au sein des compositions, comme pour contrebalancer ce rythme urbain frénétique dont il est question dans presque tout les tableaux du peintre. Ces éléments de mobilier évoquant la calme intimité des intérieurs meublés sont cependant toujours télescopés sur des vues urbaines, mêlant la sphère publique et privée, le dehors et le dedans, comme pour nous signifier l’impossibilité de se soustraire au pouls de la ville.
Les tableaux de Dessaigne transforment la ville en une apocalypse joyeuse, peuplée de personnages géants dont on ne sait s’ils dansent, ou piétinent rageusement les immeubles, en quête d’un nouvel ordre à venir…