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Jean-Claude Luton

02 Déc - 03 Jan 2009
Vernissage le 02 Déc 2008

Jean-Claude Luton peint des silhouettes en marche, nues et tenant contre elles des sortes de lances, ou de longs bâtons, à mi-chemin entre arme et canne. Ces figures sont saisies dans le moment où elles émergent de la matière tout en frôlant l’effacement.

Communiqué de presse
Jean-Claude Luton
Jean-Claude Luton

Ce qui frappe d’abord, c’est la surface blanche, pleine d’éclat, qui fait de chaque tableau une sorte de grand carreau de céramique. Il semble impossible que la matière en soit la peinture, tellement celle-ci est lumineuse et compacte.

Le premier art du peintre est ici de produire par les seules ressources de son matériau une surface qui semble ne pas lui appartenir.

Comme gravées dans cette blancheur étincelante, des silhouettes sont en marche, nues et tenant contre elles des sortes de lances, ou de longs bâtons, à mi-chemin entre arme et canne.

Cette nudité oscille entre celle, parfaite, de la statuaire grecque et celle, plus contournée, plus souffrante, des aborigènes australiens.

Ces grandes silhouettes, d’autant plus grandes qu’en hauteur elles tiennent à peine dans le cadre, sont aussi disposées de telle sorte qu’elles donnent l’impression qu’elles sont sur le point de quitter le tableau, de s’éloigner déjà.

Elles sont saisies dans le moment où elles émergent de la matière et passent devant nous avant de rejoindre un lieu extérieur au tableau.

Ce sont des corps, mais ce ne sont pas des figures, il n’y a rien là qui réinstalle la peinture dans le figuratif. Plutôt une pensée et une science qui permettent d’utiliser à des fins abstraites le corps lui-même.

Ceci se voit au traitement des visages, qui existent puissamment sans être expressifs ni inexpressifs. Visages étonnants, car ils sont à la fois pleinement visages et visages de personne.

C’est une humanité générique en marche, prodigieusement debout, dépouillée de tout attribut de circonstance, de toute caractéristique historique, qui traverse la peinture, émerge derrière la blancheur.

Car le geste du peintre a été de gratter la matière blanche et de faire ainsi apparaître, en même temps que la silhouette, ce dont elle est faite : un fond préalablement peint de manière à présenter une surface de plaque de fer rouillé.

Il n’a donc jamais été question de peindre sur un fond, il y avait en quelque sorte deux fonds superposés, celui de lumière blanche et celui de ferraille sombre.

Ce serait une erreur toutefois d’en rester à l’impression de céramique. Il faut reconnaître que le travail du peintre a créé une matière inédite, d’une étonnante finesse et luminosité. Si singulière que, à l’instar des noirs de Soulages, elle se soustrait à toute reproduction photographique.

A supposer, ce que je perçois ainsi, que l’éblouissement blanc soit l’univers lui-même, l’homme – disent ces ouvres – n’appartient pas au fond lumineux de l’univers.

Faire apparaître des hommes, c’est faire ressurgir en effet ce très vieux fer rouillé que la main du peintre découvre en écorchant d’un geste sûr la splendide couverture de matière blanche.

L’étonnant contraste, c’est à quel point, autour de ces hommes debout, le monde irradie la splendeur de ce qui est inventé à neuf. Ces hommes ne sont pas originaires mais essentiels, ils ont la terre sous leurs pieds, leur subsistance à
trouver, mais aussi pour destin d’aller de l’avant, sans autre recours que leur pensée, dans un monde blanchi du fatras contemporain des objets dont l’accumulation culmine dans les tensions et les guerres. Images pressantes de grande paix.

Quand je me les remémore, vibre en moi une lente ardeur, un nouveau courage. (Judith Balso, Seuil).

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