Jean Azémard
Jean Azémard. Œuvres 1968-1998
Le Frac Languedoc-Roussillon expose un corpus d’œuvres de l’artiste Jean Azémard comprenant des sculptures et des peintures réalisées entre 1968 et 1998. Décédé le 17 octobre 1998, c’est la première fois que ses œuvres seront montrées dans toute leur richesse, simultanément à la Galerie AL/MA et au Frac à Montpellier.
Si «le travail de Jean Azémard est fondamentalement lié au paysage», ce dernier est ici ramené à quelques éléments essentiels — la douceur des couleurs (l’artiste a gardé une prédilection pour l’aquarelle) et la conjonction surprenante d’éléments divers comme dans les architectures utopiques des cabanes. Nul besoin de passer par des images convenues — le monde est couleurs et matériaux, assemblés et réassemblés selon un devenir constant.
Si son retrait volontaire l’a partiellement éloigné de la vie artistique — quelques expositions, catalogues, critiques ou acquisitions institutionnelles en ont maintenu la présence —, son œuvre a gardé toute sa force vive et son étrangeté sensible, nourrie de la poésie du monde qu’il avait fait sien.
Peintre, sculpteur, mais aussi photographe, architecte et musicien, Jean Azémard a su traverser tous les domaines de la création avec une grâce qui lui était propre. S’il a accompagné artistes et mouvements artistiques qui ont émergé dans le Languedoc à la fin des années 1960 (tel que Supports/Surfaces), il a donné, par ses engagements forts et sa personnalité, une dimension originale à ses œuvres et à sa vie.
«Mon rapport à l’art n’était pas lié à une volonté de m’inscrire dans un mouvement, un courant. J’accorde beaucoup d’importance à la qualité d’exécution. Il me semble que c’est à travers ça que passe le toucher, le vibrato. C’est là que se fait la différence entre un bon boulot et le reste. Une sensibilité, une émotion. Le Léger, le Clair, la Transparence, le Délié. Quand je ne m’en sors pas, je passe à la gouache et ensuite je reviens à l’aquarelle. J’emploie des matériaux lourds, mais je cherche la légèreté.
À un autre moment, je travaille à partir d’un élément particulier. Les petits aspects très en marge du travail, je les exploite. J’essaie de décaler à chaque fois, à partir de la mémoire des choses. Les valeurs, encore un aspect pointu à préciser. Savoir travailler les contrastes en les confirmant un peu ou, au contraire, en les enlevant. Le rapport de quantité vient souvent corriger le rapport de qualité. Jouer avec le hasard, rester dans le bain de la journée, une poignée de crayons de couleur, j’en prends trois, comme ça au hasard et je m’arrange pour que la constance de ces trois tons fonctionne.»
Propos recueillis par Chantal Creste