Jean Azémard
Jean Azémard
La Galerie AL/MA présente des dessins et des volumes de l’artiste Jean Azémard datant des années 1985 à 1998. Décédé le 17 octobre 1998, c’est la première fois que ses œuvres seront montrées dans toute leur richesse, simultanément à la Galerie AL/MA et au Frac Languedoc-Roussillon à Montpellier.
Si «le travail de Jean Azémard est fondamentalement lié au paysage», ce dernier est ici ramené à quelques éléments essentiels — la douceur des couleurs (l’artiste a gardé une prédilection pour l’aquarelle) et la conjonction surprenante d’éléments divers comme dans les architectures utopiques des cabanes. Nul besoin de passer par des images convenues — le monde est couleurs et matériaux, assemblés et réassemblés selon un devenir constant.
En 1983, Jean Azémard reprend son activité d’artiste plasticien au travers de volumes qui ont le béton comme matériau premier. Moulé, il est travaillé pour prendre la souplesse d’une feuille de papier, s’enroulant sur lui-même. Sur la pièce en béton, viennent s’ajouter des cartons, du plomb, des sangles qui en compliquent le dynamisme et les volutes, accentuant les contrastes entre plein et vide, rigidité et souplesse. Sa couleur, soit grise, soit teintée dans la masse, s’accorde aux couleurs adoucies, comme «pastellisées» des autres éléments de l’assemblage.
À partir de 1995, le carton peint et les peintures sur papiers déchirés vont prendre une place croissante dans l’œuvre de Jean Azémard. Les nombreux dessins, préparant ou non ces œuvres en relief, conservent l’immédiateté du trait, à la fois décidé et aventureux. Paysages de Collioure ou des étangs et formes abstraites sont traités avec la même liberté du trait, la même transparence et précision du regard. Les couleurs y sont souvent décrites et posées, ainsi que la date voire le destinataire — rappelant que le dessin comme les autres œuvres, est un processus en devenir dans ses phases successives.
Peintre, sculpteur, mais aussi photographe, architecte et musicien, il a su traverser tous les domaines de la création avec une grâce qui lui était propre. S’il a accompagné artistes et mouvements artistiques qui ont émergé dans le Languedoc à la fin des années 1960 (tel que Supports/Surfaces), il a donné, par ses engagements forts et sa personnalité, une dimension originale à ses œuvres et à sa vie.
«Dans les années 1960-1970, l’influence de Supports/Surfaces était très nette. La fragilité du support introduisait un rapport au contact. Si tu appuies tu déchires le papier, et finalement ça te permet de garder le côté «vivant» du support et de pousser les choses dans leur retranchement. Avec le béton, c’était pareil. Aller au plus fin, on triture, mais on sait la limite. Le contact avec le béton c’est comme avec le papier, on retranche et l’on repart. Ce qui n’est d’ailleurs pas le cas avec le métal. Je n’ai fait qu’une seule pièce avec du métal. Il faudrait peut-être l’exposer toute seule…Elle date de 1998. Par contre je n’ai jamais travaillé avec le plâtre, je n’aime pas le plâtre. Il m’est souvent arrivé de jeter tout en gardant quelques bouts. Tout ça s’entrepose. Je puise dans mes propres déchets, sans jamais de mépris, sans aucune négativité. Je travaille à l’économie. 15 cm de béton, ça ne se jette pas.»