Katia Bourdarel
Je suis une louve
On a surtout connaissance du travail de Katia Bourdarel, comme interrogation du monde des contes de fées, de la culture populaire et inconsciente de l’Occident moderne… de Peau d’âne au Petit Chaperon rouge en passant par Frérot et soeurette ou Cendrillon… c’est Perrault et les frères Grimm qu’elle convoque sans cesse. Pourtant le travail de Katia Bourdarel s’inscrit aussi dans une réflexion plus vaste, travaillant perpétuellement sur les états de passage, les failles, les moments de basculement d’un état à un autre: de l’animal à l’homme, de l’enfance à l’âge adulte, de l’innocence au vice, de la vie à la mort…
L’œuvre de Katia Bourdarel est toujours le fruit d’un moment initiatique clef, de la fracture d’un équilibre primordial. Elle s’entoure d’une ménagerie étrange et d’êtres effrayants pour mieux nous questionner. «Je suis une louve», lupa sum, hurle l’artiste. La meute de Katia Bourdarel rôde dans la galerie Sollertis. Des louves noires, sombres, chtoniennes, qui pour mieux cacher leur fureur, se dissimulent, se travestissent sous des masques séduisants, brodés, faits de dépouilles de chasses antérieures. Entre attraction du premier instant et effroi de la confrontation, les louves de Katia Bourdarel gardent leur territoire. Mais, ne nous y trompons pas, l’artiste intègre ici certains mythes issus de la tradition gréco-romaine car avec leurs allures de courtisanes trop fardées, dévoreuses d’hommes, ces louves sont nos mères, elles ont élevé Apollon et Artémis, Romulus et Remus.