Stéphane Thidet
Je n’existe pas
«Je n’existe pas » est une affirmation. Mais lorsque l’on aborde le travail de Stéphane Thidet, il vaut mieux se méfier de ces phrases sentencieuses qui ne portent en elle que le sens que l’on veut bien leur donner. Car Stéphane Thidet a l’habitude de dérégler les conventions, les règles auxquelles s’arrime d’habitude notre perception et notre compréhension du réel. En l’engageant dans un cheminement discontinu, il l’affecte peu à peu jusqu’à en proposer une mutation, même si, à chaque fois, l’essentiel de ses caractéristiques est respecté et que l’apparence de ses œuvres ne nous éloigne que peu du vraisemblable.
Il instaure alors une certaine perméabilité entre réalité et imaginaire, matérialise la possibilité de nous replier sur notre imaginaire, de n’être pas atteints par ce réel. Si l’on considère que l’espace, le temps et l’aspect des choses sont, par leur interaction, les conditions qui donnent à notre perception l’impression rassurante de l’existence du monde. Il suffit qu’un de ces trois éléments soit déplacé pour que la stabilité des apparences se défasse, que le passage de la réalité à la fiction se constitue et que l’histoire commence.
«Je n’existe pas » n’est donc pas une affirmation. «Je n’existe pas » n’est pas non plus une négation. «Je n’existe pas » est une proposition, celle, potentielle, d’une autre existence. La négation affirmée ici n’est pas à proprement parler celle de la fonctionnalité des objets, celles des situations. Ce n’est pas non plus un simple acte de refus. C’est proposer une autre vision, un autre rapport au monde.
Les Å“uvres, que l’artiste a convoquées dans cette exposition, participent toutes de ce principe : une bibliothèque qui se ferme au monde, des chaises qui ne se portent plus, une barque qui s’enlise dans sa matérialité… À chaque fois, Stéphane Thidet nous défait de nos certitudes.