Je danse parce que je me méfie des mots

Kaori Ito
Je danse parce que je me méfie des mots

En duo avec son père Hiroshi, sculpteur japonais, Kaori Ito questionne le rapport père-fille que des milliers de kilomètres et le clivage des cultures distendent depuis dix ans. Avec Je danse parce que je me méfie des mots, elle explore un nouveau langage chorégraphique qui passe autant par les mots que par la danse.

Formée dans l’ultra excellence des écoles de danse d’Asie, puis à New York, elle collabore ensuite avec Decouflé, Platel, Cherkaoui, Cassiers, Thierrée. Devenue la coqueluche du Tout-Paris-Bruxelles du théâtre et de la danse contemporaine, cette artiste japonaise emprunte aussi le chemin plus secret de pièces sous son propre nom: elle recherche ses vérités en résistant au tourbillon du succès d’interprète.

Les spectateurs de La Filature ont fait sa connaissance en 2012 dans Island of no memories. Dans sa nouvelle pièce Je danse parce que je me méfie des mots, elle a décidé d’inviter sur le plateau son propre père, Hiroshi Ito. De retour au Japon après dix années sans voir sa famille et retrouvant intacts les lieux de sa jeunesse, elle a été frappée par ce que peut signifier pareille parenthèse dans le regard d’un parent, lui-même grand artiste sculpteur, rendu à la conscience des succès de sa fille, sans y avoir toujours cru.

La tradition japonaise est extrêmement pudique quant à l’extériorisation des sentiments, l’usage des mots. Entre celle qui façonne son propre corps et celui qui matérialise des artefacts de la matière du monde, un dialogue troublant s’est engagé.