Karine Bonneval
Je cherche des parfums nouveaux, des fleurs plus larges, des plaisirs inéprouvés
Le projet de Karine Bonneval se fonde sur la manipulation du vivant par l’humain. Ses recherches plastiques trouvent leur origine dans la notion d’exotisme.
À l’époque des cabinets de curiosités, puis des serres, des plantes sont acclimatées en Occident pour constituer le fond de jardins botaniques. On collectionne et on inventorie ces trésors de voyages, témoins directs de la mainmise de l’homme sur la nature et du pouvoir de l’Europe sur les pays dits indigènes. Ces récoltes sont également l’expression d’une recherche de sensations et d’agrément. La colonisation du vivant racontée dans les récits de voyages demeure sujet d’actualité. Les explorateurs d’aujourd’hui sont à l’image de ces grands groupes pharmaceutiques et agroalimentaires qui s’approprient les espèces naturelles pour les transformer en produits de l’industrie. De même, à moindre échelle, et sans que nous en ayons conscience, les plantes de nos jardins et de nos intérieurs proviennent le plus souvent de contrées lointaines et répondent à notre besoin de végétal comme un rempart contre notre propre société.
Le dispositif présenté à La Maréchalerie agit comme une mise en abîme de l’espace pensé à partir du désir perpétuel d’une nature imitée. Citation d’À rebours de J.-K. Huysmans, écrit en plein siècle romantique, à l’époque des expositions universelles, le titre de l’exposition fait explicitement référence à l’univers baroque dont s’entoure Des Esseintes, personnage reclus qui se consacre à la reproduction du monde, habité par l’obsession de transformation du vivant.
Reste à accomplir pour le visiteur l’expérience de la déambulation dans un environnement végétal et olfactif fantasmé, à la lisière ténue entre naturel et artificiel. Dans cet espace clos qui rappelle la serre, comme dans un microcosme fantasque, les plantes sont augmentées de manière anthropomorphique. Travesties par des rajouts qui renvoient à une esthétique humaine (ongles, cils, cheveux) et par des parfums recréés, ces plantes colonisées ramènent le végétal à l’humain de manière violente.
Vernissage
Mardi 17 janvier. 18h
Navette gratuite au départ de Paris, sur réservation