Behind this machine anyone with a mind who cares can enter

L’exposition « Behind this machine anyone with a mind who cares can enter » de Jason Dodge présentée à l’Institut d’art contemporain de Villeurbane constitue la plus grande exposition monographique de l’artiste américain. Elle nous invite à traverser de nombreuses installations sans nous en livrer les clefs, nous laissant libres d’engager un rapport direct avec les œuvres.

Des installations énigmatiques

Le parcours dévoile une succession d’installations. Des détritus et objets divers jonchent le sol. Le dispositif intitulé What the living do (Ce que la vie fait) consiste en une multitude de petits objets et déchets amassés par Jason Dodge au fil des ans. Des bouteilles de vin vides et sales, des emballages de bonbons, des mégots de cigarettes, des fusées de feux d’artifice usagées, des boîtes de conserves remplies de déchets, des feuilles, des coquillages, des feuilles de papier, des sacs en plastique… Ailleurs, des néons roses et blancs installés au plafond suivent les contours de la pièce. L’échafaudage qui a servi à les installer est encore en place ainsi qu’une boîte en carton contenant d’autres néons, au milieu de la pièce. L’installation est intitulée Rose light to white light to rose light over and over by hand (De la lumière rose à la lumière blanche à la lumière rose encore et encore à la main).

Explorer l’intervalle entre les mots et les choses

Les mots, le langage et l’écrit jouent un rôle prépondérant dans le travail de Jason Dodge, comme l’indiquent les titres élaborés de ses œuvres ainsi que les phrases et petits textes qui les accompagnent. Inspirés par les lectures de l’artiste, en particulier de la poésie, ces titres, sous-titres et légendes, poèmes, extraits de texte théorique, ou références littéraires, sont souvent sans rapport apparent avec ce que montre l’œuvre. C’est dans cet intervalle ménagé entre ce que l’on voit et ce que l’on lit que se manifeste l’enjeu de la démarche de Jason Dodge. L’exposition, volontiers énigmatique, explore justement des entre-deux : entre les mots et les choses, mais aussi entre l’esprit et la matière, entre l’expérience individuelle et l’interprétation collective.

Aucune visite commentée de l’exposition n’est prévue et la documentation prévue pour guider notre visite ne fournit aucune réponse aux questions suscitées par les installations de Jason Dodge. Au contraire, elle soulève d’autres questions. Suivant le souhait de l’artiste, rien n’est destiné à « expliquer » ses œuvres ni sa démarche. L’enjeu de l’exposition est en effet de permettre à chaque visiteur de se confronter aux œuvres sans intermédiaire et sans conditionnement extérieur. Seuls doivent être mobilisés notre regard, notre expérience, nos sensations.