Mona Hatoum
Jardin suspendu
Réactivation d’une œuvre
Trois cents élèves, de la maternelle au lycée, se relaieront pendant deux jours, les 19 et 20 mars 2012, afin de remplir les sacs de terre et disposer les graines selon les préconisations fixées par l’artiste. Les éléments de l’œuvre seront ensuite assemblés selon un plan précis sur la terrasse du Domaine national de Saint-Cloud, à l’emplacement de l’ancien château de Monsieur Frère du roi Louis XIV, détruit en octobre 1870.
La pièce de Mona Hatoum obéit à un protocole de réactivation: le CNAP ne conserve pas dans ses collections la matérialité de l’œuvre. L’artiste a remis un protocole de réactivation, qui précise aussi bien les matériaux nécessaires à celle-ci, que la méthode
à suivre pour qu’elle puisse être effectuée dans les conditions voulues par l’artiste.
Image de paix/image de guerre
À première vue, Jardin suspendu se présente comme un rempart de sacs de sable, comme on en voit aujourd’hui sur tous les théâtres d’opération, de l’Irak à l’Afghanistan. Mais au lieu du sable qui arrête les balles, les sacs sont emplis de graines qui, au printemps, germent et crèvent les parois de tissu, engendrant l’apparition de mille pousses d’herbe verte. Allégorie naïve du regain, de la renaissance parmi les ruines? Peut-être, si on s’arrête à la simple description de l’œuvre: mais c’est ne pas l’avoir vue qui peut dicter semblable jugement.
La force de la pièce se situe au-delà des mots, dans l’association visuelle immédiate entre une image de paix et une image de guerre, préalable à toute tentative d’interprétation ou de décryptage de l’objet qu’elle constitue. C’est peut-être cela un art engagé d’aujourd’hui. Ce n’est pas tant le message qui compte (qui ne se déclare spontanément pour la paix?) que l’efficacité d’une image qui vous transporte.