L’exposition « Jardin infini – De Giverny à l’Amazonie » au centre Pompidou Metz explore le jardin à travers des Å“uvres modernes et essentiellement contemporaines. Depuis les tableaux de Max Ernst jusqu’aux installations d’Ernesto Neto défile l’histoire du jardin, de ses enjeux et de ses représentations.
Une exposition pensée comme un jardin infini
L’exposition est pensée elle-même comme un vaste jardin par l’artiste Daniel Steegmann Mangrané qui en a conçu l’architecture. Celle-ci forme un paysage scénographique inédit qui délaisse les formes habituellement neutres de l’espace muséal pour incorporer les œuvres dans un environnement total, organique, terreux et solaire. On circule parmi des installations immersives, semblables à des bosquets et à des haies, suivant un parcours en deux parties qui fait passer de l’ombre à la lumière.
La première galerie fait pénétrer dans un ensemble nocturne de pavillons et de cours qui offre un constant va-et-vient entre des espaces intérieurs et extérieurs, chacun de ses espaces formant le jardin privé d’un artiste. Cette première partie de l’exposition intitulée « Printemps cosmique » retrace le traitement du jardin par des artistes qui le percevaient moins comme un espace clos et ordonné que comme le lieu de possibles subversions, de rencontres licencieuses, de l’exubérance sauvage, de l’expérimentation et de l’imprévisibilité.
Les tableaux de František Kupka et Hilma af Klint comme The Birch (Le Bouleau), peint en 1922, illustrent la façon dont certains artistes du début du vingtième siècle ont exploré les origines de la vie en utilisant des notions botaniques, comme la pollinisation, la germination, l’éclosion et la floraison, représentées par des motifs abstraits.
De Giverny à l’Amazonie : de Claude Monet à Ernesto Neto
Les peintures des surréalistes comme Le Jardin sombre d’Yves Tanguy et Fleurs de coquillages de Max Ernst témoignent de l’intérêt de ce mouvement pour les forces telluriques élémentaires et la perpétuelle gestation du monde larvaire que constituent la terre, la boue et le fumier. Les œuvres d’Emile Gallé, Eugen Gabritschevsky, Odilon Redon ou encore Edward Steichen illustrent quant à elles l’influence de la pensée de Darwin sur ces artistes qui adoptèrent une vision mouvante du vivant. Le jardin est chez eux une zone ouverte aux mutations, eux hybridations et à l’évolution.
La seconde galerie du parcours adopte une scénographie décloisonnée dans laquelle se répandent la lumière et la couleur. Dans cette partie intitulée « De Giverny à l’Amazonie », c’est la dualité du jardin qui est soulignée : à la fois microcosme et macrocosme, celui-ci a suivi l’évolution d’un monde de plus en plus soumis aux phénomènes de métissage et de migration. La biodiversité est chamboulée, la frontière entre nature et culture ou entre indigène et exotique s’estompe, de même que celle entre le jardin et la forêt. Les Å“uvres d’artistes contemporains comme Yto Barrada s’intéressent aux notions de transplantation et de colonisation et mettent en perspective la botanique et des notions économiques et politiques. Quant à l’installation immersive Flower Crystal Power d’Ernesto Neto qui clôt l’exposition, elle rend palpable la fusion avec le végétal, une fusion qui se déplace vers une interaction entre individus, suggérant l’expérience d’un corps social.