Jean-Baptiste Caron
Jardin d’hiver
L’exposition « Jardin d’hiver » résonne comme un moment de latence et de distorsion du temps, où soudainement l’invisible se perçoit, l’insaisissable se capture et l’improbable se réalise de façon surprenante. Un souffle furtif l’inspire et insuffle d’étonnantes transformations tant au niveau des Å“uvres qu’à celui de l’espace qui les accueille.
Jean-Baptiste Caron investit la galerie avec un ensemble inédit d’installations, de sculptures et de tableaux dans lesquels il explore les possibles de la matière afin d’y trouver de nouvelles forces en présence. Les matériaux sont ainsi du plus noble comme le marbre au plus commun comme le béton, utilisés pour traduire un territoire de l’imperceptible. L’air y est la proie; permanent et omniprésent, il demeure a priori insaisissable. L’artiste met alors en place divers stratagèmes des apparences, comme autant de révélateurs de cette réalité invisible.
Il ne se fait pas pour autant scientifique, ni même botaniste. Il tend plutôt à se créer le personnage d’un géologue de fiction, expérimentant le réel, usant d’un certain nombre de techniques pour trouver des indices à la vérité qu’il s’est lui-même constituée. Il cultive un jardin de formes parsemé de fabriques, d’objets artisanaux étant aussi bien des attributs de la friche industrielle que ceux du terrain vague.
Roche, poussière, fer à béton traduisent cet univers délaissé tout en proposant de nouvelles métamorphoses. Le public est invité à traverser un espace où l’entropie n’est plus seulement un chaos, mais devient un faux terrain, une zone indéterminée dans laquelle prennent naissance des volumes. Il s’agit peut-être de suivre Gilgamesh — héros sumérien ancestral auteur du premier récit de notre Histoire — et de parcourir en son souvenir un jardin de pierreries imaginaire, de fantasmer une telle épopée afin de prendre conscience de la condition humaine.
Les œuvres de Jean-Baptiste Caron invitent le regardeur à réfléchir la notion de temps, le sien et celui du monde dans lequel il évolue.
Thomas Fort