Huang Yuxing
Jardin des révolutionnaires
La perte des repères spatiaux que provoquent les toiles de Huang Yuxing, distille une angoisse que ne nous évite presque aucune des toiles de l’artiste, mais aussi une sensation de profondeur et de mystère. La facture très liquide contribue à éloigner de nous l’espoir de pouvoir avancer sur un sol ferme et de progresser dans un environnement confortablement balisé.
La temporalité, elle aussi, est source de doutes. Croit-on d’abord avoir affaire à une vue nocturne que l’aspect électrique des couleurs dément très vite cette certitude première. Ce n’est pas la nuit, en effet, mais plutôt une obscurité soudaine (une éclipse?) qui se serait emparée du monde. La technique employée par l’artiste, d’ailleurs, contribue à cette impression, puisque, par le jeu de recouvrements successifs de couches de peinture qu’il leur fait subir, ses toiles passent d’une vue diurne initiale à un paysage de nuit.
Dans la plupart des toiles de «Jardin des Révolutionnaires», des couleurs irisées nimbent certains motifs, se substituant même à la matière des choses. Une transfiguration a lieu: l’étoffe du monde devient translucide et iridescente, pure aura, spectre lumineux.
On peut dire que les toiles de Huang Yuxing sont ainsi, depuis quelques années, des sortes d’antichambres vers une autre réalité, qui paraissent nous promettre l’accès à des rites initiatiques.