Marie Chouinard présente pour la première fois en France Jérôme Bosch : le jardin des délices lors de la dix-neuvième Biennale de danse du Val-de-Marne, « Danses exposées. » Pièce commandée à Marie Chouinard par la Jheronimus Bosch 500 Foundation, et créée en 2015 à l’occasion du cinq centième anniversaire de la mort du peintre hollandais Jérôme Bosch, Le jardin des délices prend pour modèle le tableau en trois parties peint par Jérôme Bosch, représentant l’Eden, l’Enfer, et le Paradis.
Le jardin des délices ou la peinture chorégraphiée
Le jardin des délices se présente comme une pièce en trois actes pour dix danseurs inspirée du triptyque peint par Jérôme Bosch entre 1500 et 1505. Puisque chaque panneau composant ce dernier représente l’un des grands épisodes bibliques – le jardin des délices, l’enfer, le paradis – la chorégraphie de Marie Chouinard veut en être la « fidèle » reproduction bien que celle-ci puisse, de manière significative, nuancer son intention et apporter une précision : « Il y a un acte qui représenterait officiellement l’enfer. En tout cas, dans l’imagerie populaire, ça représenterait l’enfer. Mais moi, je ne crois pas que ce Bosch a peint représente l’enfer (…) plutôt le monde actuel, le monde des humains (…) tous les travers de l’humanité, toutes les horreurs. Dans les autres tableaux, il y a le monde dans lequel nous ne vivons pas. »
Quant à la représentation de l’Eden, Marie Chouinard semble écarter l’interprétation selon laquelle cette partie du tableau de Jérôme Bosch exposerait la gamme de tous les péchés humains : « Moi, je ne vois pas ça de même parce que, quand on regarde le tableau tout le monde a un petit sourire tranquille, tout le monde est bien. Il ya une paix extraordinaire dans ce tableau-là , un bonheur, une tendresse. » Peut-être ne faut-il pas alors s’attendre à voir sur scène un acte où l’humanité dans son ensemble serait vouée aux enfers.
Le jardin des délices
Il convient donc de tenir compte d’une telle interprétation, et ne pas se satisfaire de voir dans la chorégraphie de la pièce une représentation stricte ou servile du tableau de Jérôme Bosch. Mais, conformément à l’intention initiale de Marie Chouinard, la gestuelle reste marquée par certains détails du tableau, plus précisément certains gestes des personnages peints par Jérôme Bosch. Positions des mains, des têtes, et même représentations de mouvements dansées imperceptibles au premier abord, servent de points d’appui à la chorégraphie. Marie Chouinard précise ainsi : « (…) je suis partie de ces positions, en me demandant quel pourrait être le mouvement suivant le plus proche. J’ai travaillé en cherchant à rester au plus près de ses gestes. »