DESIGN | EXPO

Japon! Design et arts décoratifs des années 1950 à 2000

18 Juin - 31 Déc 2016
Vernissage le 18 Juin 2016

Le musée Mandet, à Riom, présente « Japon ! Design et arts décoratifs des années 1950 à 2000 ». Cette exposition consacrée au design japonais réunit plus de quatre vingt dix pièces empruntés à des collections publiques et privées. Mobilier et objets en céramique, orfèvrerie, verrerie et bambou, provenant de collections publiques et privées soulignent une esthétique de la continuité historique suscitant l’inventivité formelle.

L’exposition « Japon! Design et arts décoratifs des années 1950 à 2000 » entend montrer la singularité du design japonais. Celui-ci a constamment conjugué la tradition artisanale japonaise avec les formes et les matières venues d’Occident, de sorte que son histoire n’est autre que celle de l’incessante tentative de s’adapter à la culture occidentale. Entre tradition et modernité, le design japonais s’est toujours efforcé de préserver et adhérer à ces principes que sont le rapport à la réalité environnante et à la nature.

Tradition et modernité

Au confluent de l’art, de l’artisanat et de l’industrie, le design japonais témoigne d’une véritable diversité et d’une grande vitalité créatrice. Ainsi, une activité telle l’orfèvrerie peut-elle tenue représentative de l’esprit qui anime les arts décoratifs japonais. L’orfèvre Hiroshi Suzuki a créé un vase en argent en forme de spirale (Aqua Poesy IV), qui évoque par sa simplicité formelle les lampions en papier et laisse apparaître les traces des mains de l’artisan. Si « Japon ! Design et arts décoratifs des années 1950 à 2000 » permet de voir plusieurs créations de Hiroshi Suzuki, elle est également l’occasion de s’initier au travail de cette autre orfèvre qu’est Junko Mori.

Quatre vingt dix pièces et trente designers et maîtres d’art, rassemblés pour cette exposition, offrent une vue d’ensemble du design et des arts décoratifs japonais au cours des décennies passées. Du tabouret Butterfly de Sori Yanagi datant de 1954 aux installations lumineuses de 2016 des designers Hideki Yoshimoto et Yoshinaka Ono, la continuité entre tradition et modernité, qui n’interdit aucunement l’inventivité, peut aisément s’apercevoir.

Renouvellement du design

On doit aux designers Sori Yanagi, Isamu Noguchi et Shiro Kuramata d’avoir su se libérer de l’emprise de l’influence du design industriel et fonctionnel occidental en se tournant vers l’artisanat traditionnel. Mais cette libération est aussi une conciliation de ces deux extrêmes trouvant son origine la plus vive dans le mouvement Mingei, initié par le père de Sori Yanagi. Telle est l’origine du design japonais moderne entièrement orienté par l’héritage de la tradition artisanale. Si le tabouret Butterfly de Sori Yanagi emprunte à Charles and Ray Easmes la technique de collage des deux pièces formant les ailes du papillon, la forme même de l’objet se réfère à l’image des portiques des temples shintoistes.

Contrairement au design occidental, le design japonais tend à privilégier la simplicité des formes. Loin de s’attacher à la seule exigence de rationalité, ce dernier veut ne pas négliger la nature même des choses. Car la forme même de tout objet doit épouser la nature des matériaux utilisés dont les qualités et les imperfections propres sont indifféremment autant d’atouts.

De manière significative, le travail du sculpteur Isamu Noguchi peut être considéré comme l’exemple même d’une telle exigence esthétique. Pendant plus de trente ans, Isamu Noguchi a pu concevoir de nouvelles formes de lampes en papier qui allient transparence et densité, et inspirées des formes traditionnelles d’éclairage.

Un design résolument moderne

Si l’on considère le mobilier, Shiro Kuramata a su combiner esthétique orientale et avant-gardisme européen faisant du designer une sorte d’intercesseur entre beaux-arts et design. Le mobilier peut avoir désormais des formes singulières, irrégulières. Les meubles Side 1et Side 2 reprennent ainsi la forme des meubles de rangement aux tiroirs superposés que sont les tansu. Formes douces, lignes incurvées, semblent donner à ces meubles une assise instable que l’on peut déjà percevoir dans ce meuble de rangement en forme d’hélice qu’est Revolving, et dont l’usage se révèle changeant. Une fois ses tiroirs fermés, il transforme en escalier, aux marches suspendues dans le vide, lorsqu’ils sont ouverts.

Plus récemment, Tokujin Yoshioka conçoit un mobilier fait exclusivement en verre, comme la Rainbow chair (2007) et la chaise Agravic (2014), attention portée à la lumière et à l’effacement des formes dans l’espace. Pour un designer tel Junya Ishigami, il importe de créer des objets aux formes allégées : chaises et tables ont un poids et une épaisseur infimes. Son mobilier est fabriqué dans des matériaux naturels comme le coton, ou synthétiques, comme les fibres de carbone et le polystyrène. S’il se réfère directement à la tradition japonaise consistant à s’asseoir sur le sol, il se soucie de l’occupation de l’espace et favorise la transparence de ses meubles. Et une telle tendance « minimaliste » est particulièrement sensible dans le design japonais des dix dernières années.

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