Le jeune finnois Räisänen ne doute pas un instant du potentiel expressif de la peinture qu’il pratique avec jubilation. C’est ce que l’on ressent d’emblée devant ses tableaux exposés à la galerie Frank, de grandes huiles aux matériaux disparates qui sautent à la figure. On trouve, agrégées à la surface de la toile des petites photos découpées dans des revues érotiques où des débris de bouteilles en plastique emportés dans un flot torrentiel de peinture, des morceaux de tissu froissés et collés avec de la glu transparente, des balles de tennis, des corps peints démembrés, des têtes de mort et des cerveaux qui explosent, autant dire, un magma coloré et dense, mélange de formes entrées en collision.
L’artiste a l’habitude de s’exécuter en se chauffant sur fond de techno, dans un état d’excitation proche de la transe. Le fond des tableaux est souvent brossé à grands coups de peinture sur lesquels il griffonne des figurines, dépose des empâtements semblables à des étrons colorés, colle des icônes gay, bellâtres au torse nu arborant des poses lascives qu’il cerne de peinture épaisse et affuble parfois de sexes en érection ou d’accessoires érotiques.
Bienvenu dans cet univers grand-guignolesque où danse et sexe sont conviés, formes d’ivresse par lesquelles le corps jouit et s’aliène. Au regard de ce thème développé de manière explicite d’un tableau à l’autre, les balles de tennis enrobées de glu prennent une connotation libidineuse tout comme les traînées de peinture liquide et blanchâtre éclaboussant les toiles par endroits. Cette débauche d’effets matiéristes donne parfois à la peinture de Räisänen un aspect organique presque repoussant. Mais cette esthétique gore , comme la mauvaise blague, invite aussi à la franche rigolade.
Fiévreux, excessif, le travail de Räisänen fait état de situations physiques extrêmes par lesquelles le corps éprouve ses capacités, raves party déjantées, transports érotiques, autant d’expériences évoquées par les slogans que l’artiste trace dans le frais de la peinture. Le délire des sens mène aussi aux visions cauchemardesques, têtes énormes et déformées aux mâchoires cannibales, squelettes ricaneurs surgissent également dans ces peintures apocalyptiques. A la fois comiques et inquiétants, ces travaux très denses ne peuvent laisser indifférent.
— Justin Timberlake, 2003. 100 x 60 cm. Huile et collage sur toile.
— Tranavanquardian Dream About Number 2, 2003. 170 x 130 cm. Acrylique, encre indienne, peinture à l’huile et collage sur toile.
— Mainstream underground, 2004. 175 x 135 cm. Acrylique, crayon, encre indienne, huile et collage sur toile.
— Nicky Butt & a Cheap Schnabel, 2004. 175 x 135 cm. Acrylique, crayon, encre indienne, huile et collage sur toile.
— Bamboo Is My Tamboo, 2004. 175 x 135 cm. Glue, encre indienne, huile et collage sur toile.
— Germinator, 2003. 150 x 100 cm. Acrylique, crayon, huile et collage sur toile.
— Wax Me All Night Long, 2003. 210 x 80 cm. Acrylique, alkyde, crayon, huile et collage sur toile.
— Bondage, 2003. 46 x 55 cm. Acrylique et huile sur toile.
— Pollock’s Bollocks And A Bacon Cock As A Crucifixion, 2003. 250 x 170 cm. Acrylique, pastel, encre indienne et huile sur toile.
— Head, 2003. 75 x 75 cm. Acrylique, alkyde, gasso, encre indienne et huile sur toile.