Duo créé par le chorégraphe Jan Martens (Cie Grip), Sweat Baby Sweat (2011) est une danse d’amour. À propos de l’amour. Interprété, depuis sa création, par les danseurs Kimmy Ligtvoet et Steven Michel, Sweat Baby Sweat cultive la lenteur et la sensualité. Un long baiser figuré, oscillant entre fusion, mais aussi arrachement. Comment montrer l’amour sans les clichés ? La lenteur, ici, va puiser ses inspirations dans le butoh, le yoga. Tandis que les moments de friction frôlent l’acrobatie circassienne, le rock n’roll. Deux corps, deux personnes qui se tiennent enlacées, et qui ne veulent ni ne peuvent se séparer. Le désir affleure, magnétise l’air et l’espace entre les danseurs. Et chacun reconnaît immédiatement ce qui se joue. La pièce n’est pas argumentative, ne démontre rien, elle ouvre simplement une fenêtre sur le vocabulaire possible de l’amour. Dans un paysage sonore composé par Jaap van Keulen.
Sweat Baby Sweat de Jan Martens : un duo amoureux comme une bulle
Dans le rapprochement des corps amoureux, il y a au moins deux focales possibles. L’attention peut porter sur les points de contacts physiques, d’interpénétration. Ou se décaler sur le lieu du trouble. Là où les peaux se frôlent, se touchent, mais où surtout les regards s’accrochent. S’agrippent et ne se lâchent plus. Pièce délicate, Sweat Baby Sweat est plutôt dans cet interstice-là . Sur une scène dépouillée, les deux danseurs, en contact permanent, sont comme dans une bulle. Celle dont ils redéfinissent les contours à chaque mouvement. Sur un écran, en fond de scène, une vidéo est projetée. Un texte en écriture blanche sur fond noir, en majuscule sans empâtement — probablement de l’arial. La sobriété et la simplicité sont maximales. Et la vidéo est de Paul Sixta. Un réalisateur et photographe néerlandais dont le travail, tout en nuances, s’axe sur la sensibilité, la délicatesse des relations et leur narration.
Entre douceur et friction, les ambivalences du désir et de l’amour selon Jan Martens
Avec Sweat Baby Sweat (2011), le chorégraphe belge Jan Martens a déjà fait le tour de l’Europe et de l’Amérique du Nord (USA et Canada). Avec une petite morsure sur l’Asie, via la Turquie. Près de dix ans après sa création, la pièce continue de tourner, en double parfois avec A small guide on how to treat your lifetime companion (2010). Il y a quelque chose d’assez universellement accessible dans l’énergie que propage et absorbe Sweat Baby Sweat. Chorégraphe attentif à l’expression des relations amoureuses (cf. Pauline Thomas, 2018), la danse de Jan Martens met des gestes sur l’ambivalence. Des gestes, mais aussi des textures sonores, des rythmes, et tout un vocabulaire chorégraphique. Attraction, rejet, langueur, tendresse, distance, retrouvaille, friction… Pendant une heure les deux danseurs ne se lâchent pas même des yeux. Entre lutte et douceur, Sweat Baby Sweat escalade jusqu’à l’épuisement. Pour mieux sombrer, enfin, dans le repos.
À retrouver dans le cadre du festival Échelle Humaine (au sein du Festival d’Automne à Paris).