Artiste de la galerie Templon depuis les années 2000, Jan Fabre se voit confier l’exposition inaugurale « Folklore sexuel belge et mer du Nord sexuelle belge » du nouvel espace de la galerie qui fête ses 50 ans. Cette exposition en deux volets est pensée comme une lettre d’amour – pamphlet dont le destinataire est son pays natal : la Belgique.
Une symbolique religieuse omniprésente
Dès l’entrée de la nouvelle adresse de la galerie, deux madones accueillent le visiteur. La première est une sainte des fonds marins affublée d’une couronne aux couleurs du drapeau de la Belgique, elle porte de ses deux mains un énorme poisson tricolore (également clin d’Å“il à l’étendard belge) qu’elle semble donner en offrande au visiteur en guise de bienvenue.
Une autre madone vêtue de drapés dorés et mauves tire les ficelles d’une marionnette-diablotin dont le costume est encore une fois aux couleurs du drapeau belge. Elle tient dans son autre main, un livre qui ressemble à s’y méprendre à une bible. En inclinant la tête on peut déchiffrer en lettres de sequins sur reliure rouge : « Je suis belge ».
Dans la salle principale une immense croix dorée occupe tout l’espace. Elle est ornée de cache-sexes multicolores, de chapeaux de fête et autres masques de carnaval grotesques. Ces décorations théâtrales et humoristiques, complètement inappropriées à la symbolique religieuse, semblent suggérer que la religion n’est au choix qu’une farce ou qu’une fête.
Dans une seconde salle, une installation d’orgue doré poursuit la métaphore religieuse. Cette Å“uvre sonore est décorée symétriquement de deux phallus, d’un vagin et de spermatozoïdes. Toutes ces décorations sont réalisées en sequins, paillettes collées sur cet orgue sexuel. Deux sirènes ailées entremêlent leurs langues qui crachent du sang.
Un univers aquatique sexué
Au sous-sol de cette nouvelle adresse, Jan Fabre invite le visiteur dans un univers aquatique. Trois sculptures représentant des homards aux paillettes multicolores (clin d’Å“il à Dali ou à Jeff Koons ?) présentées en vitrine introduisent cette seconde thématique.
Sur des pieds de bougeoirs, on découvre trois sculptures de coquillages sexués dont les phallus sont plus ou moins en érection. Dans la salle voisine, le pendant de cette installation fait cette fois allusion au sexe féminin. Trois sculptures d’étoiles de mer sont présentées sur des pieds de bougeoirs, on découvre en en faisant le tour qu’elles sont dotées de vulves. D’autres sculptures de créatures marines hybrides sont exposées sous cloche comme dans un cabinet de curiosités.
Jan Fabre présente également une série d’une cinquantaine de dessins miniatures encadrés sur fond de moquettes rouges. Identiques par leur format, on retrouve sur chacun des cadres dorés une plaque en or sur laquelle est gravée : « Série mer du nord sexuelle belge, édité et offert par Jan Fabre, le bon artiste belge ».