James Siena
James Siena
Première exposition monographique en France de James Siena, artiste incontournable de la scène artistique new-yorkaise, surtout connu pour son procédé de création basé sur une série de règles qu’il s’impose à lui-même et qu’il qualifie «d’algorithmes visuels». Par l’établissement d’une unité de base qu’il répète de façon obsessionnelle et infinie, l’artiste s’empare de la surface plane pour donner à voir des abstractions géométriques complexes.
Bien que le travail de James Siena explore de nombreux médiums incluant la lithographie, la gravure, le dessin ou la peinture; la présente exposition se concentre sur un ensemble de huit peintures d’émail sur aluminium, technique caractéristique de son travail depuis les années 90, et de treize dessins sur papier, datant de 2007 à 2012.
«I don’t make marks. I make moves».
La rigueur mathématique du processus adopté par James Siena et la technique industrielle de l’émail sur aluminium, n’excluent en rien la présence de la main, la fragilité du geste minutieux que l’artiste s’applique à réitérer sans cesse. Les titres évocateurs des œuvres Connected Hooks, When I was ten (brown), Liminal Pathway, Earthless, Malevolent Adolescent Form — pour ne citer que ceux-là , formulent l’affirmation de l’être humain et conditionnent ainsi l’interprétation d’une peinture fondamentalement non narrative. Certains motifs paraissent être des dents de peignes qui s’emboîtent, d’autres des lignes qui serpentent l’espace de façon imprévisible ressemblant à des routes ou des canaux fluviaux, d’autres encore sont comme des formules informatiques ou des labyrinthes incompréhensibles.
Les éléments répétitifs, les séquences, les courbes, les boucles et autres délicats labyrinthes deviennent des matrices qui donnent à voir les interstices, les passages et les mutations vers des formes biomorphiques. Les mouvements dessinés par James Siena, à la fois rationnels et poétiques, nous confrontent à des rébus optiques qui mêlent hasard et ordre; où le leitmotiv s’individualise dans un ensemble de prime abord uniforme. Tous les éléments, tels des cellules humaines, se répondent et se font échos apportant une vibration particulière à l’ensemble.
Des œuvres de James Siena, émane le sentiment d’une forte temporalité comme si elles embrassaient en leur sein les traces des civilisations anciennes; nombreuses formes renvoyant d’ailleurs aux dessins aborigènes, aux textiles africains ou aux tatouages maoris. Privilégiant les moyens voire les petits formats, l’artiste insuffle un rapport intime entre le tableau et le spectateur, rejetant ainsi le principe du «big is better».
Dans ses œuvres, l’accumulation renvoie plutôt à une croissance expansive du motif qui serait tournée vers l’intérieur dans un système autonome, repliée sur un réseau fermé à l’image d’une architecture mentale. Chez James Siena, la procédure et le sujet se confondent pour créer des surfaces fascinantes. Sorte de fétiches, de totems ou d’icônes, ces petits espaces concentrent une énergie particulière et hypnotique où le regardeur est invité à choisir son propre chemin entre les lignes et se laisser aller à une expérience métaphysique.