Natacha Anderes, Luc Aubort, Delphine Coindet, Philippe Decrauzat, Nicolas Eigenheer, Gilles Furtwangler, François Kohler, Damian Navarro, Jérôme Pfister, Didier Rittener
James, Circuit & Le Freistilmuseum
Circuit est une organisation d’artistes dont chacune des pratiques pourtant bien singulière, se rejoint dans une attitude de recherche partagée. Or ces derniers ne s’exposent pas par ce biais. «James, Circuit et le Freistilmuseum» est une des rares expositions des artistes au nom de l’association.
L’association Circuit se forme en 1998. Elle regroupe dans sa forme actuelle: Caroline Anderes, Natacha Anderes, Mathilda Angullo, Luc Aubort, Delphine Coindet, Philippe Decrauzat, Nicolas Eigenheer, Gilles Furtwangler, David Hominal, François Kohler, Damian Navarro et Didier Rittener. En dix-sept années d’existence, Circuit a fédéré autour de lui un réseau important d’artistes suisses et internationaux. De Steven Parrino, Catherine et Nicolas Cérésole, Blair Thurman, Stéphane Dafflon à de très jeunes artistes. La programmation de Circuit est à l’image de ses membres, riche dans sa diversité.
Les projets menés par Circuit ont façonné une alternative artistique pointue et intrépide devenue incontournable dans le paysage de l’art contemporain vaudois. Attachée à expérimenter des modes d’appréhension inédits de l’objet artistique, l’association s’est depuis ses débuts rapprochée de la figure de Christoph Gossweiler. L’artiste est l’un des initiateurs du Freistilmuseum: une collection de collections d’objets, une base de données bi et tridimensionnelle alimentée par la production matérielle du XXème siècle. Abstraction faite du distinguo entre production de masse et œuvre d’art, le Freistilmuseum apparaît comme garant de la matière première qui a singularisé l’art du XXème siècle. Un art où l’objet manufacturé a intégré la palette du maestro pour se tourner vers l’Homme dans ses différentes tribulations.
Si la jeunesse de la carrière de Christoph Gossweiler est associée à celles d’un John Armleder ou d’un Olivier Mosset, il abandonne assez vite ses pairs néo-géo pour un projet plus expérimental, sociologique et politique. En mettant en place le concept de Freistilmuseum (musée en nage libre), se profile un travail en retrait, une pratique de l’ordre du commentaire, désarçonnant à la fois le système du marché de l’art mais aussi la pratique même de l’exposition.
Le Freistilmuseum infiltre ses propositions comme une glose discrète susceptible de souligner, accompagner ou mettre en doute des raisonnements d’expositions, évacuant complètement la notion de signature. Le Freistilmuseum a, au fil des ans, participé de la position et de l’éthique de la programmation de Circuit: une mise en place de projets ambitieux, généreux et cohérents dans la volonté de se soustraire d’un maximum de compromis.
Pour «James, Circuit et le Freistilmuseum», des téléphotos de presse provenant de la collection de C & C Gossweiler, ainsi que des télécommandes de la collection Circuit, sont insérées comme une passerelle vers l’exposition «Impact Art Vidéo 74», en place dans le Centre d’art de Lausanne. Un pont qui fédère et lie les pièces montrées à la galerie Xippas, réflexions hétéroclites mises en commun pour la construction d’un nouvel objet.
Le recours au Freistilmuseum par Circuit vient fermer la boucle de l’invitation de la galerie Xippas. L’exposition apparaît comme une imbrication de trois formats artistiques. Une circulation entre la galerie, l’artiste run space, et le musée résistant. «Le Freistil cherche à redessiner les frontières entre les différents champs visuels tout en travaillant à les mettre perpétuellement en résonnance», explique Julie Enckell Julliard. La chaîne que constitue «James, Circuit et le Freistilmuseum» met en exergue trois positions quant à l’art contemporain, une démonstration optimiste articulée en va-et-vient sans circonscription.