Présentation
Fabian Stech, Thomas Hirschhorn
J’ai parlé avec Lavier, Annette Messager, Sylvie Fleury, Hirschhorn, Pierre Huyghe, Delvoye, D.G.-F., Hou Hanru, Sophie Calle, Ming, Sans et Bourriaud
«L’art et la politique sont finalement coupés l’un de l’autre. L’art est naturellement politique, mais on ne peut pas vraiment rentrer au moyen de l’art dans le champ de la politique.
Ce que je veux, c’est essayer de lier des choses qu’on ne peut pas lier. Et je veux toujours savoir pourquoi je fais les choses. Ainsi, j’ai voulu faire de l’art dans une cité et travailler avec ses habitants, et ce, même si certaines personnes ne sont pas honnêtes, ou ne travaillent pas bien, ne sont pas précises, pas ponctuelles. Cela fait partie intégrante du projet artistique. (…) En même temps, la seule chose qui me permet de travailler avec tout le monde sans exclure personne, c’est mon projet, qui est un projet d’art. C’est un travail qui fait le lien avec la politique, qui pose la question du social. Des projets politiques ont débuté autour d’une grande utopie, et au fil du temps, se sont compromis, ils n’étaient plus utopiques. L’art me permet de rester utopique. Je travaille politiquement mais je ne fais pas un travail politique. Même des mouvements comme Attac sont amenés à faire des choix politiques qui ne sont plus très utopiques, mais liés à des considérations de pouvoir. L’art ne veut pas le pouvoir. L’art n’a pas besoin d’autorité.
Vous êtes idéaliste ?
J’espère bien que je suis idéaliste.»
Ces entretiens avec Bertrand Lavier, Annette Messager, Sylvie Fleury, Thomas Hirschhorn, Pierre Huyghe, Wim Delvoye, Dominique Gonzalez-Foerster, Hou Hanru, Sophie Calle, Yan Pei-Ming, Jérôme Sans et Nicolas Bourriaud, réalisés en français, sont parus dans la revue allemande à large diffusion Kunstforum International, entre 1999 et 2005.
L’auteur choisit sans atermoiements, ni d’ailleurs principe de précaution, d’entrer dans l’œuvre des artistes (ou le projet des commissaires d’exposition) à partir d’un point de vue subjectif et partiel, pour ensuite reconstituer à travers l’échange des propos, toute la complexité de l’opus pour le lecteur et lui-même. Processus de connaissance (et non pas énième entreprise de reconnaissance), ces simples conversations avec un journaliste-critique en disent plus long (pendant) que nombre de press releases (avant) ou autres reviews (après).
Fabian Stech, né en 1964, est docteur en philosophie de l’université libre de Berlin. Il vit en France depuis 1994.