C’est dans une interview à Libération du 17 avril 2009 que Jack Lang a annoncé qu’il voterait la loi «Création et Internet» (Hadopi) en prétendant qu’elle prévoit une rétribution des artiste, alors qu’elle ne propose que répression et sanctions.
«Il est en cohérence avec ma conviction ancienne et persistante, a-t-il déclaré, que les artistes ne peuvent pas vivre seulement d’amour et d’eau fraîche. Il n’est donc pas déraisonnable de tenter de trouver un équilibre entre les droits des auteurs et la liberté de communication. Le tout est de trouver la ligne de crête permettant de concilier les libertés des uns et des autres».
Concédant que le texte est imparfait et provisoire, il dit le soutenir principalement pour «sa valeur pédagogique». Et, comme s’il voulait s’en convaincre, il ajoute : «On n’est pas dans un pays qui bride Internet et le libre accès est préservé».
A n’en pas douter, le rejet de la loi Hadopi par les députés a provoqué ces derniers temps un véritable séisme politique et médiatique. On se souvient qu’en 2006 le texte Dadvsi sur les droits d’auteurs, rejeté par le Conseil constitutionnel, avait eu pour conséquence le départ du ministre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres.
Que Christine Albanel mette en balance l’acceptation de ce texte le 28 avril 2009 et son départ, soit. Que la Sacem ou la direction de Virgin Mégastore déplorent le rejet de la loi, passe encore — rappelons que le texte est issu du rapport de Denis Olivennes, alors patron de la Fnac.
Mais que Jack Lang déclare être en faveur d’une loi répressive envers les internautes, qui ne prévoit rien quant à la rétribution des artistes, on comprend moins. C’est, de la part d’un député PS, oublier la formidable possibilité de démocratisation de l’art de la création qu’apporte Internet aujourd’hui. Il est édifiant de constater qu’un ancien ministre de la Culture ait visiblement peur de cet accès libre et facile à l’art.
En France, la protection irait-elle davantage à ceux qui vendent la culture qu’à ceux qui la font ?