Communiqué de presse
Rémy Rivoire
Itinéraire bis. QNH
Entre jeu interactif et instrument du savoir, l’installation de Rémy Rivoire déployée dans la galerie du Cairn reprend les différents éléments du langage graphique emprunté à la géographie, à la géopolitique, à l’économie pour révéler les distances qui fragmentent notre monde géographique, culturel, politique et social.
Les matériaux et les titres retenus sont faits pour désorienter le spectateur d’un savoir culturel et normé, du sens commun. Il modifie les échelles de perception en repensant les codes connus, les déplace pour multiplier les points de vue.
« D’habitude, je sais toujours plus ou moins où je suis, je parviens toujours à me repérer puisque tout est fait pour m’orienter et me tenir en place: je peux m’orienter dans l’espace physique grâce à la codification métrique et cartographique, dans l’espace humain grâce à la codification langagière, et dans l’espace même de mon corps grâce à la codification anatomique.
Les codes sont toujours là pour soutenir mon existence, me fournir une grille d’analyse, un quadrillage de significations qui me protègent contre la sensation du vertige. Et quand cette sensation ressurgit, que « le silence des espaces infinis m’effraie » comme l’écrivait Pascal, les codes symboliques et sociaux remettent ma pensée en route, et mes affects d’angoisse en déroute.
De la même manière que Descartes affirmait « Je pense, donc je suis », je constate que « là où on me code, où on me fournit une grille de repérage, je suis « . Mais, en inversant les axes, un certain Lacan a pu jeter un doute sur cette suprématie du code signifiant en remarquant que  » je pense là où je ne suis pas, donc je suis où je ne pense pas ». »
En prenant les cartes, paradigmes du code, comme objet central de son travail, Rémy Rivoire cherche lui aussi, de façon singulière, à mettre en déroute la pensée codificatrice, et à dénouer les fils du sens qui emprisonnent cet espace primaire auquel, d’habitude, nous ne pensons pas: le corps brut, vivant, pulsionnel .