César, Philippe Cognée, Robert Doisneau, Erró, Raymond Hains, Barbara et Michael Leisgen, Dominique Petitgand, Françoise Pétrovitch, Édouard Pignon, Philippe Ramette, Bernard Rancillac, Willy Ronis, Barthélémy Toguo…
Itinéraire bis
Les commissaires, Frank Lamy et Julien Blanpied, proposent aux visiteurs de s’évader le temps d’une exposition où thèmes et motifs ponctuent un parcours construit selon le principe d’une flânerie esthétique.
La période estivale étant propice aux aventures, aux découvertes, aux rencontres, aux changements, à la méditation, au repos, l’exposition «Itinéraire bis» propose un cheminement original au travers d’une relecture de la collection du Mac/Val tout aussi romanesque qu’imaginaire. L’été ne recèle-t-il pas sa part de mystère? Ou comme interroge Marguerite Duras: «Qu’est-ce que c’est encore que cette idée, l’été? Où est-il tandis qu’il tarde? Qu’était-il tandis qu’il était là ? De quelle couleur, de quelle chaleur, de quelle illusion, de quel faux-semblant était-il fait?»
Et les artistes de répondre. Robert Doisneau, Willy Ronis et Jacques Faujour se servent de la photographie comme d’un journal intime visuel, en nous entraînant à leurs côtés sur les bords de Marne. En visionnant leurs clichés, c’est tout une atmosphère qui se révèle avec tendresse et nostalgie. La transparence du temps semble correspondre au règne élargi d’antan. Le futur est alors vu en fonction du passé. Comme c’est souvent le cas, ces artistes ont saisi des moments qui semblent avoir été pris à un tournant décisif. Certes, tous les personnages de leurs oeuvres apparaissent comme des lignes de fuite qui ressemblent beaucoup à la jeunesse, alors que l’adulte se sent pris au piège. Qu’advient-il des châteaux de sable de Philippe Cognée balayés par la marée? Que reste-t-il du rêve américain d’Erró?
Les nouvelles contraintes et les imprévus posent des limites aux rêves, aux espoirs. Les visiteurs se laissent traverser par ces récits. Ainsi, les voyages de Barthélémy Toguo sont éminemment chargés, «transit sans arrêt», «annulé», «nationalité»… Quant à Pierre Ardouvin, il propose une version sombre de la chanson Holidays de Michel Polnareff, avec sa voiture calcinée.
C’est à la question du choix, ou plus précisément de son impossibilité, que sont confrontés de nombreux vacanciers. Partir ou rester ici? Alors, comment faudrait-il faire pour s’échapper sans avoir nécessairement les moyens de se déplacer loin du périphérique parisien? Michel de Broin élabore une réponse poétique et utopique, il propose de créer à chaque carrefour de la ville de Vitry-sur-Seine, à même le bitume, des piscines municipales. Dans un autre registre, Dominique Petitgand a créé une installation qui prend la forme d’une carte postale sonore. Enfin, Alain Bernardini bouleverse les règles du jeu au Mac/Val; le temps de travail peut devenir également pour son personnel, un temps où l’on s’amuserait enfin.
Il faut sans doute relever l’omniprésence de l’eau dans les photographies, les films, les peintures et les installations des artistes. Face à l’infini mystère de la mer, le visiteur se perdra dans des rêveries qui le transporteront sur la lagune de Venise (avec Thierry Kuntzel) aux plages de sables de Gilles Aillaud. Pour de nombreux vacanciers, le bord de l’eau devient, le temps d’un été, l’espace où l’imaginaire dérive au gré des flots.
«Itinéraire bis» propose également des images faites d’histoires d’amour qui ne s’expriment pas uniquement avec des mots mais aussi sous les traits du peintre Bruno Perramant. Sans oublier, les rendez-vous de l’été, le Tour de France revu et corrigé par Bernard Rancillac. Autant d’expériences inoubliables qui forment la promesse d’un itinéraire de voyage, riche de surprises et de rencontres.