Après LVMHOOQ présenté à la Fiac 2006, Thomas Lélu récidive avec ses dernières peintures aux allures de tags. Il agit comme le trublion de la classe artistique amusant ainsi la galerie (rebaptisée pour l’occasion : «Dominique Fiat Panda»).
Une partie de la classe est agacée par cet énergumène de trente ans, pour l’autre partie, c’est Lélu, l’élu de l’absurde, de l’idiotie et d’autres comportements sans aucun sens. Comme s’il y avait chez lui une révolte contre le milieu artistique. En 1967, Robert Filliou prônait «La Révolte des médiocres», le refus «d’être colonisé par une race auto-désignée de spécialistes de la peinture de la sculpture, de la poésie, de la musique, etc.»
Le jeune artiste agace et c’est avec un «je-m’en-foutisme» permanent qu’il crée, lui le directeur artistique de nombreux magazines branchés tels que Bing (la revue de la galerie Emmanuel Perrotin), ou encore Magazine. Mais Thomas Lélu est bien plus qu’un simple trublion branché : dérangeant et vite détesté.
Les croisements entre la culture populaire (télévisuelle) et la culture artistique sont nombreux. Dans l’un de ses livres, Lélu mêle Proust à la télé réalité («à la recherche du temps perdu et de la nouvelle star»). Tout est tourné en dérision, même les vanités qui prennent la forme d’un crâne recouvert de badges néo-punk. Faite de détournements et de citations, l’œuvre de Lélu est rafraîchissante, un véritable pied de nez à l’intellectualisme formaliste ambiant.
Thomas Lélu des idiots? Jean-Yves Jouannais qui a consacré un livre à l’idiotie (2003) a relu le manuscrit du premier roman de Lélu Je m’appelle Jeanne Mass. On l’adore ou on le trouve mauvais, mais il ne laisse pas indifférent. Il avait déjà fait des ravages avec son Manuel de la photo ratée en 2002.
On peut voir dans son travail d’artiste idiot des résonances dadaïstes. Dans le manifeste de 1918, Tristan Tzara méprise les académismes et toutes les théories. Lélu pourrait s’y reconnaître.
Lélu est un indispensable agitateur dans une classe composée de trop bons élèves. Avec ses enfantillages, lui, l’idiot, montre que l’art n’appartient à personne et surtout à tout le monde…
Thomas Lélu
— Air de Paris Hilton, 2007. Panneau de bois peint. 180 x 120 cm.
— Emmanuel Perrotintin au Congo, 2007. Panneau de bois peint. 180 x 120 cm.
— Cosmic Jagger, 2007. Panneau de bois peint. 180 x 120 cm.
—, Tom Chantal Crousel, 2007. Panneau de bois peint. 180 x 120 cm.
— Yvon Lambert Wilson, 2007. Panneau de bois peint. 180 x 120 cm.
— It Doesn’t Exist, 2007. Néon. 17 x 195 cm.
— I Hate Work, 2007. Crâne Humain, badges. Circonférence 20 cm.