L’exposition « Blue Spill » au Musée régional d’art contemporain Occitanie / Pyrénées-Méditerranée, à Sérignan, présente des productions récentes et nouvelles d’Isabelle Cornaro qui intensifient les liens entre ses films, ses peintures et ses sculptures.
Blue Spill : films, peintures et sculptures d’Isabelle Cornaro
Cette première exposition dans un musée français du travail d’Isabelle Cornaro lui a offert l’occasion de concevoir un projet spécifiquement pour le lieu et de développer les liens qui existent entre sa pratique picturale et sa pratique filmique. Le titre de l’exposition est d’ailleurs une référence directe au monde du cinéma : le terme technique de blue spill désigne une bavure pouvant apparaître sur les cheveux d’un acteur qui se trouve devant un écran bleu d’incrustation.
Plus précisément exploré ici, le cinéma a toujours occupé une place importante dans la pratique d’Isabelle Cornaro et constitue une grande source d’inspiration dans l’entreprise de déconstruction des archétypes de la vision qu’elle mène depuis une quinzaine d’années. A travers une pratique du collage qui utilise des images et objets de la culture savante comme ceux de la culture populaire, l’artiste met en lumière comment ces images et objets déterminent notre perception du monde.
Isabelle Cornaro déconstruit les archétypes de la vision
L’exposition offre un dialogue entre des œuvres récentes et de nouvelles réalisations d’Isabelle Cornaro, mais aussi entre son propre travail et celui de cinéastes, de publicistes et de réalisateurs de vulgarisation scientifique. Au rez-de-chaussée sont projetés plusieurs de ses derniers films qui reconstruisent l’acte de regarder. Utilisant de lents travellings, un montage syncopé, des couleurs saturées et modifiant les échelles, ils mettent à distance les objets filmés, les rendent presque abstraits et révèlent leur vraie nature, de gadgets qui n’ont pas d’autre valeur que l’émotion qui y est attachée. En regard sont présentés des extraits de films publicitaires, de films de vulgarisation scientifique et de cinéma gore qui entretiennent un rapport obsessionnel aux objets.
A l’étage, une série de peintures au spray d’Isabelle Cornaro reproduit et agrandit des images de ses films, déconstruisant ainsi l’image animée pour générer une série d’images fixes. Les proportions de l’image filmique sont conservées et les peintures disposées côte à côte pour reproduire le défilement des images vidéo. Pourtant, l’indétermination du rapport entre l’original et sa copie, entre l’objet et sa reproduction en image, apparaît rapidement : la couleur digitale laisse place à des projections matérielles de couleur au rendu sensible et séduisant, le spray crée un flou qui décompose l’image jusqu’à la rendre presque abstraite.