Is You Me
Benoît Lachambre, Louise Lecavalier, Laurent Goldring
— Création : Benoît Lachambre, Louise Lecavalier, Laurent Goldring
— Musique originale : Hahn Rowe
— Décors et lumières : Benoît Lachambre, Louise Lecavalier, Laurent Goldring
— Costumes : Im Seonoc
— Projections : Laurent Goldring
— Lumières additionnelles : Philippe Dupeyroux
— Répétitrice : France Bruyère
— Interprétation : Benoît Lachambre, Louise Lecavalier
C’est fou comme on aime la rupture ! En art pareillement: la rupture, pourvoyeuse en idées nettes et tranchées, dualistes à souhait. Louise Lecavalier par exemple. Star de la compagnie La La La Human Steps jusqu’en 1998, ses envols insensés, ses accélérations fulgurantes en firent «la tornade blonde» des chroniques de danse. Alors son solo “I” is memory, chorégraphié par Benoît Lachambre, programmé en 2006 au théâtre des Abbesses, ne pouvait se lire qu’à travers la grille de la rupture: on y retrouvait Louise Lecavalier dans un corps effondré, dilué sous des vêtements informes, peinant à construire sa verticalité. L’affaire était entendue: cette pièce conciliait l’eau et le feu. D’un côté Benoît Lachambre, patient explorateur des marges de l’art chorégraphique, voué à l’improvisation et aux fines techniques de perception du mouvement intérieur. De l’autre Louise Lecavalier, qui semblait donc avoir rompu avec son héritage flamboyant de l’extériorisation virtuose, pour passer dans le camp esthétique d’en face.
Le retour de cette paire, une saison plus tard, fait redoubler la curiosité. D’autant que le chorégraphe rejoint cette fois son interprète sur le plateau. Ce duo s’appelle Is You Me. Et tout se complique. Relisons: Is you me? Es-tu moi? «Évidemment non, tu n’es pas moi ! médite le chorégraphe, cette question n’a pas de sens, et pourtant voilà bien une question formidablement intéressante. Est-ce que c’est toi qui me fais danser?»
Entre ces deux “cow-boys”, comme s’amuse à le dire Louise Lecavalier, Benoît Lachambre décrit « une rencontre très contradictoire, avec une partenaire d’une infinie douceur en tant que personne, mais dévorée de passion, avec quelque chose du feu. Entre nous, il y a cheminement, actions et réponses, nouveaux positionnements. C’est nerveux. Cela devrait se retrouver dans nos mouvements, avec des connexions de partie de corps de l’un, à partie de corps de l’autre: elle dans le buste, alors moi dans les jambes, elle élastique, alors moi anguleux. Ca ne sera pas lisse. Ça sera tout en contrastes ».
On manquerait cette rencontre en mésestimant la dimension chorégraphique des collaborations du musicien Hahn Roweet du plasticien Laurent Goldring. Dans les vidéos de ce dernier, et leurs lumières, sachons voir pleinement une production d’espaces (pas seulement d’images). Et les sons du premier visiteront des textes écrits par Benoît Lachambre, dits en anglais et français, saisissant leurs tonalités et accentuations.