ART | EXPO

Is There Anybody Out There ?

21 Jan - 06 Mar 2010
Vernissage le 21 Jan 2010

Les films et les installations photographiques montrés dans cette exposition, semblent tous frappés par de singuliers phénomènes. Ces images apparaissent, disparaissent, mutent en des formes nouvelles, en d’inattendues correspondances…

Communiqué de presse
Khalil Joreige & Joana Hadjithomas
Is There Anybody Out There ?

Qu’est-ce que reconnaître ? Est-ce comme on le définit cette action par laquelle on retrouve dans sa mémoire l’idée, l’image d’une chose ou d’une personne quand on vient à la revoir ? Les films et les installations photographiques, montrés dans cette exposition, semblent tous frappés par de singuliers phénomènes. Ces images apparaissent, disparaissent, mutent en des formes nouvelles, en d’inattendues correspondances, notamment temporelles…

Serait-ce pour des raisons d’optique, de politique, de métaphysique ou peut-être sont-elles mues par des manifestations fantastiques… Ou est-ce une chose diffuse et souterraine, que nous enregistrons, captons mais qui, d’une certaine façon, ne cesse de se transformer, de mettre en danger le regard, de le déplacer…
Pour cette première exposition individuelle dans l’espace de la galerie In Situ, des images prises dans un temps plus lointain et des images récentes sont mises en relation.

L’exposition interroge la notion de reconnaissance notamment avec la présentation d’Aida, sauve-moi (2009), une performance qui mesure le mystère de certaines images et questionne pratiquement toutes les oeuvres qui sont montrées dans l’exposition ainsi que d’autres.

Que ce soit la série des photos des «Bestiaires» (1997), objets du quotidien détournés par la photographie pour renvoyer à un imaginaire personnel, comme un acte poétique ou Les Equivalences (1997) s’attachant à une architecture chaotique comme sens dessus dessous, toutes ces images interrogent le détail photographié et la manière dont il s’affranchit de l’échelle et de la topographie, abstrait la matière pour représenter quelque chose d’inattendu qui questionne le regard.

Ce dernier sera aussi au travail autour de la question de l’apparition et de la disparition des images ainsi que leur évocation à travers le projet Images latentes (1996-2006), photographies prises mais non développées qui se donnent à lire. Présentées telles des planches contacts, elles forment un journal personnel qui relate vie familiale et sentimentale, recherche photographique et Histoire du Liban contemporain. Un livre d’artiste édité par Rosascape autour de ce projet sera également montré pour la première fois dans l’exposition.

Comme aussi Faces (2009), une série de photographies d’affiches de martyrs qui recouvrent les murs du Liban. Ces affiches placées en hauteur, altérées par le temps et les intempéries, s’effacent progressivement. Il ne reste plus grand chose des traits ou des noms de ceux qu’elles représentent. Elles sont photographiées puis retravaillées avec un graphiste et des dessinateurs pour essayer de ramener par le dessin l’image, la trace, de la matière, une rémanence. Mais les images peuvent-elles revenir ? Dans quel sens faut-il les lire ?

Ces images tentent également de problématiser le savoir que nous pensons avoir sur certaines représentations comme celle de la ville de Beyrouth évoquée mais jamais montrée dans Barmeh/Rondes (2001), une vidéo avec Rabih Mroué en conducteur inquiétant, qui ne quitte jamais son véhicule, comme s’il faisait corps avec lui. Il commente le paysage que nous ne voyons jamais et hante les rues de Beyrouth.

Enfin, Un moment d’apparition / Two suns in a sunset (2009), sont des photographies qui travaillent le décalage temporel et aussi plus concrètement celui du geste photographique. Postés à un emplacement privilégié, dans un lieu qui domine la ville de Beyrouth, d’où quelques années auparavant, nous avions fait une installation nommé Distracted Bullets autour des feux d’artifices et des balles perdues, «distraites», nous attendons. Mais, là, la ville est calme, elle s’étend devant nous…

Toutes ces oeuvres qui explorent le décalage temporel, le questionnement du regard, de la représentation et les limites de la reconnaissance sont montrées pour la première fois. Pour reprendre le geste de Pierre Ménard, ce personnage que nous empruntons souvent à Jorge Luis Borges et qui dans Fictions écrivait le Don Quichotte de Cervantès à l’identique des siècles plus tard, pour la première fois.

critique

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