Jean-Baptiste Alcaraz
Is the world of things ours?
Qu’est-ce qu’une chose? Le monde des choses est-il le nôtre? Les questionnements de Jean-Baptiste Alcaraz ont intrigué auparavant des philosophes, tel que Martin Heidegger, qui ont ainsi proposé de repenser notre rapport aux objets environnants. Chez Heidegger le mot «chose» peut avoir deux sens, le premier comme étant l’ensemble des objets qui nous entourent en excluant les êtres humains, plantes et animaux, et le second comme n’étant pas un objet mais quelque chose d’autre ou de plus. Ainsi, Jean-Baptiste Alcaraz se propose d’arpenter les différentes possibilités de représentation de la chose.
Au détour de ce travail, nulle vérité unique, mais plutôt, différentes éventualités, des propositions intégrant le doute et l’indétermination. Les dessins, sculptures ou photographies de Jean-Baptiste Alcaraz se font écho dans l’exposition, et nous proposent différentes trajectoires qui donnent à sa recherche un goût de «pluralité». La photographie induit une vision réaliste que l’artiste va déformer, produisant ainsi une image déconnectée de la réalité. Le dessin et la sculpture permettent pour l’un, l’illustration de la perception qu’il a de notre rapport aux choses, et pour l’autre, leur mise en forme, leur matérialisation.
Les modes d’emplois, série de dessins qui affichent, par exemple, une valise avec un trou béant laissant apparaître le cosmos avec satellite et planète, ou encore un cercueil trop étroit ne pouvant accueillir le corps du défunt dans son intégralité, nous plongent dans une sorte de flou contemplatif où tout ce que nous savions des choses qui nous entourent est mis en péril, «l’ordre des choses» n’est plus fiable, le sol même pourrait bien, à tout instant, se dérober sous nos pieds…
Dans Germination, une sculpture présentant une ville à l’aspect végétal sortant comme par magie d’un chapeau, nous sommes confrontés à sa réflexion sur l’urbanisation, au travers du prisme de la magie. Cependant, il n’y a là aucune parenté avec une quelconque notion de sorcellerie, il s’agit bien de «magie blanche», d’illusionnisme, c’est «pour de faux»…
Dans cette exposition nous retrouvons l’engouement pour l’anodin, le «banal» que Jean-Baptiste Alcaraz affectionne, «ce qui passe inaperçu». Sa démarche a pour but de faire vaciller notre conscience de la banalité des choses, vers un autre aspect plus hésitant et incertain.
L’ambivalence des choses qui nous entourent est la matière première de ce travail. Une fois associées, les choses ont-elles le même sens, le même pouvoir, et gardent-elles un rapport direct à l’objet ou bien deviennent-elles substance? C’est là tout l’enjeu de l’exposition «Is the world of things ours?».
Vernissage
Samedi 21 mars 2015 Ã 18h